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Il y a 40 ans, l’homosexualité en France était dépénalisée

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Mercredi 27 juillet 2022. 40 ans. Eh oui, il y a 40 ans (seulement), l’homosexualité était enfin dépénalisée en France. Grâce à l’abrogation de la loi datant de Vichy qui condamnait les « actes contre-nature », les personnes gays pouvaient enfin pousser un soupir de soulagement. Une première victoire, un pas de géant pour l’époque. 

 

 

Quand l’homosexualité était un délit

Il fut un temps, il n’y a pas si longtemps, l’homosexualité était considérée comme un délit (actes contre-nature, outrage public à la pudeur). C’est d’ailleurs encore le cas dans certains pays. C’est sous le régime de Vichy, jusqu’en 1982, que les relations entre hommes furent pénalement condamnables. “Les homosexuels à l’époque, on était des malades psy, on était des gens contre-nature. Bref, on était des fléaux sociaux”, se rappelle Michel Chomarat, spécialiste de la mémoire LGBT.

Une idée largement portée par l’opinion publique, renforcée par celle des médecins. On se rappellera aisément qu’en psychiatrie, les relations gays étaient considérées comme une maladie et traitées à grands coups d’électrochocs ou de thérapies qui ne seraient plus tolérées de nos jours. Et on ne parle même des abrutissements par traitements médicamenteux. Des raisons suffisantes pour que bon nombre d’homosexuels ne fassent pas de coming out et fassent tout pour être « dans la norme ».  

Pendant longtemps, la répression avait été fondée sur l’idée qu’« il y aurait une forme de menace homosexuelle, d’individus prêts à corrompre la jeunesse », et la police avait pour consigne « d’arrêter et de contrôler spécifiquement les établissements homosexuels ou les lieux de rencontres et de drague en plein air », rappelle le sociologue et historien Antoine Idier, auteur de « Les alinéas au placard – L’abrogation du délit d’homosexualité ».

 

Associations VS État : elles demandent réparation

L’orientation sexuelle conduisit donc à l’arrestation de milliers d’hommes (plus de 10 000). C’était aussi parfois un motif de vengeance lors de dénonciation. Une super époque à la mentalité si belle n’est-ce pas… Michel Chomarat, 73 ans, nous partage d’ailleurs un souvenir en racontant son interpellation avec 8 autres hommes  un bar gay en 1977. Son nom avait été publié dans la presse, ainsi que les questions des policiers posées pendant la garde à vue, comme par exemple : « Aviez-vous le pantalon baissé ? ». 

L’entrée du bar était pourtant filtrée, et « il n’y avait que des majeurs qui s’amusaient entre eux. C’était une provocation policière, due à l’homophobie politique au plus haut niveau », s’insurge-t-il.

Cette arrestation lui coûtera 500 francs (80 euros environ pour les jeunes générations). Et ce fut l’une des dernières avant l’abrogation de la loi. Pour beaucoup d’hommes interpellés dans ces conditions, « les conséquences étaient bien plus graves qu’une simple amende », souligne le militant :

« à l’époque, les homos avaient des vies plus ou moins cachées, et là leur homosexualité éclatait au grand jour. Ça a pu conduire à des suicides ».

« C’est à partir de là que je suis devenu un activiste gay. Ça m’a révolté. C’est quelque chose qui est en moi et que je ne laisserai pas passer », affirme M. Chomarat, qui avec des dizaines de militants, élus et organisations, a signé en juin dans le magazine Têtu, un appel à l’État pour qu’il réhabilite, « voire indemnise » les « victimes de sa répression anti-gay ».

Car la rue crie à la honte et souhaite se faire entendre. Ce qui arrivera puisqu’en 1982, cette dernière fut abrogée. C’est pourquoi aujourd’hui, les associations demandent réparation à l’État. Le but est de faire reconnaître avant tout ces injustices. 

Un an et demi plus tôt, en décembre 1980, les députés avaient annulé un amendement de 1960 qui considérait l’homosexualité comme un « fléau social » et alourdissait, pour les gays, les peines encourues pour « outrage public à la pudeur ».

 

 

Un long chemin reste à faire 

Surtout quand on voit les propos homophobes encore tenus par certains de nos ministres. 

Pour les militants LGBT d’aujourd’hui qui s’intéressent à cette période, 1982 est néanmoins « une date charnière, qui a mis fin à une forme d’homophobie d’Etat ». Laquelle « légitimait » la haine ou les violences envers les homosexuels, souligne l’ancien président de SOS Homophobie Joël Deumier. 

En 2022, l’homosexualité n’est plus considérée comme un délit, mais il reste encore des combats à mener pour atteindre l’égalité. Les personnes homosexuelles connaissent toujours des discriminations du fait de leur orientation sexuelle, par exemple en matière d’accès à un logement, au marché du travail ou encore à la PMA.