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Réassignation sexuelle : vaginectomie, vaginoplastie et orchidectomie (suite)

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Le chemin de la transidentité est propre à chacun. Et pour ceux qui choisissent d’aller au bout de leur transition pour être dans leur zone de confort (enfin !), plusieurs choix s’offrent à eux. La réassignation sexuelle est un long parcours qui permet de se sentir bien dans son corps, dans sa tête et dans sa sexualité.  

 

 

Se sentir bien dans son corps influence positivement la sexualité. Pour certaines personnes transgenres, la réassignation sexuelle est incontournable pour se sentir enfin satisfait de son corps. La satisfaction sexuelle semble souvent aller de pair avec la satisfaction par rapport aux résultats physiques de(s) l’opération(s). 

Cependant, tout n’est pas merveilleux dans le meilleur des mondes. En effet, des complications ou des résultats décevants peuvent en résulter. Et donc, une plus grande insatisfaction sexuelle. Il faut aussi prendre en compte le temps post opératoire. Très souvent, après l’opération de réassignation sexuelle, il faut un temps d’adaptation à la personne plus ou moins long. Elle doit en effet redécouvrir son corps, l’accepter, l’apprivoiser. Ainsi que son fonctionnement sexuel.  

 

La masturbation possible dans la plupart des cas

Une bonne information cependant à connaitre. Une étude menée par l’équipe-genre de Gand montre que 65% des femmes trans et 95% des hommes trans ayant subi une opération au niveau de leur sexe peuvent atteindre l’orgasme grâce à la masturbation (De Cuypere et al., 2005). 

Il a été aussi observé auprès des participants à l’étude que non seulement la masturbation permettait d’atteindre l’orgasme mais aussi un simple contact sexuel. C’est plutôt encourageant pour ceux qui ont peur de perdre toutes sensations ou qui se demandent si jouir après l’opération sera possible. 

Les participants témoignent aussi d’une amélioration de leur vie sexuelle après la réassignation sexuelle. Ainsi que d’une plus grande excitation. Ces témoignages rassurent fortement sur les suites possibles des opérations. Toutefois, il est bon de noter que les organes sexuels des personnes trans ne fonctionnent néanmoins pas totalement de la même façon que ceux des personnes non-trans. 

Les réassignations sexuelles

La vaginectomie (ou ou colpectomie)

Ici, le vagin est refermé souvent lors d’une phalloplastie ou d’une métaoidioplastie. Mais ce n’est pas une obligation. Le vagin est bien souvent à ce stade la dernière pièce restante de votre appareil génital de naissance. Si ce n’est pas le cas, une hystérectomie totale peut être réalisée en même temps. Le principe technique de la vaginectomie est de réaliser une suture des 2 parois vaginales l’une contre l’autre jusqu’à l’entrée du vagin après avoir retiré toutes les muqueuses qui les recouvraient. Les muqueuses sont soit découpées et retirées, soit détruites avec l’aide d’un laser. Le vagin est alors définitivement et complètement fermé. Cela reste une intervention peu commune et technique qui demande au chirurgien une connaissance parfaite en matière de chirurgie gynécologique obstétrique.

 

 

Vous pouvez aussi garder la possibilité d’être pénétré. Certains hommes trans le souhaitent d’ailleurs. Si jamais c’est le cas, il vous sera toujours nécessaire de vous protéger lors d’un rapport sexuel avec un préservatif. Les MST sont toujours aux aguets ! 

Cette opération nécessite une surveillance toute particulière de la vessie qui s’appuie sur les parois vaginales. Le chirurgien doit s’assurer que la position de la vessie reste correcte et il doit même parfois la renforcer par des sutures spécifiques.

Suite à la vaginectomie, un drain (tube médical relié à une poche fonctionnant sur le système de la pompe à vide) est posé pour aspirer les saignements qui continuent à se produire après l’opération et pour assurer l’absence totale d’espace entre les 2 parois. Ce drain est conservé 2 à 3 jours post-opératoire et son retrait est douloureux mais rapide.

 

La vaginoplastie

Vous connaissez certainement le terme. Mais en détails ? Ici, on reconstruit le vagin à partir d’un pénis. Grâce à cette opération, une femme trans pourra être pénétrée vaginalement. Cependant, il vous faudra utiliser un lubrifiant en cas de rapport sexuel. Car contrairement aux femmes non trans, de nombreuses femmes trans ayant subi une vaginoplastie ne sont pas (suffisamment) lubrifiées lorsqu’elles sont excitées sexuellement. 2 femmes trans sur 3 ont le vagin lubrifié en cas d’excitation sexuelle et/ou d’orgasme (De Cuypere et al., 2005). 

Pour la petite explication, sachez que ce sont les glandes de Cowper qui produisent cette lubrification. Ce sont les mêmes qui sécrétaient auparavant le liquide pré-éjaculatoire. Malheureusement, pour la moitié de ces femmes, cette lubrification est toutefois insuffisante pour pratiquer une activité sexuelle. Il est donc indispensable d’utiliser un gel lubrifiant pour être sûre de prendre du plaisir. 

 

 

Concernant le déroulement de l’opération…

On reconstruit le clitoris sur la base de la partie avant du gland. C’est en effet la partie la plus sensible, et donc, à conserver. C’est grâce à cela que l’orgasme chez les femmes trans sera possible. Vous pouvez atteindre la jouissance du coup grâce à la masturbation ou directement la pénétration vaginale. Cependant, on note que l’orgasme s’atteint plus facilement avec l’onanisme. Et pour certaines femmes trans, une petite partie, elles perdent malheureusement leur capacité orgasmique après une opération de réassignation sexuelle. 

Une fois la vaginoplastie terminée, vous devrez porter une prothèse pendant un certain temps. Cela permet de garder le vagin ouvert (grâce à la dilatation). Écoutez bien les conseils de votre chirurgien à ce sujet, c’est primordial pour la réussite totale de la réassignation sexuelle. Comptez en moyenne 5 à 8 semaines avant un premier rapport sexuel. D’ailleurs, la première fois pourra être douloureuse. Et il faut que le pénis soit de taille moyenne (ou en tout cas, pas trop gros). Allez-y donc en douceur. Pour vous aider, vous pouvez procéder à une dilatation quelques heures avant. Une fois que tout est guéri, vous pourrez calmement commencer à expérimenter. Vu que le ressenti corporel est différent, la sexualité devra également être redécouverte. 

   

L’orchidectomie

Ici, l’opération consiste à pratiquer l’ablation des testicules d’une femme trans. Comme ce sont ces dernières qui produisent le sperme et la testostérone, les enlever vous empêchera d’éjaculer ou d’avoir une érection. Cependant, cela ne signifie pas pour autant que vous ne pourrez plus avoir de plaisir et d’orgasme. Et vous devrez aussi continuer à vous protéger car les MST sont elles, toujours actives, quelle que soit l’opération pratiquée !  

Concernant l’opération en elle-même, vous êtes en premier lieu anesthésié partiellement ou localement. Le chirurgien va ensuite couper votre circulation sanguine en pratiquant une incision juste au dessus de l’aine, au niveau de l’abdomen. C’est en effet à ce niveau que l’on trouve l’origine des vaisseaux sanguins qui irriguent les testicules, il faut donc retirer ceux connectés au testicule à enlever. Arrive alors le moment de l’ablation des testicules, tour à tour.

 

 

Après l’opération, vous pouvez ressentir quelques douleurs au niveau de l’aine, là où les vaisseaux sanguins qui alimentaient le testicule ont été coupés. Cette douleur est de faible intensité et ne dure que quelques jours, mais des médicaments anti-douleurs antalgiques peuvent être prescrits pour la soulager.