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Esmeray, notre sorcière bien aimée !

Connaissez-vous l’artiste Esmeray ? Cette femme transgenre pleine d’humour a relaté son parcours à travers un spectacle humoristique. Venue de Turquie, elle a réussi à dépasser les difficultés pour atteindre ses rêves. Vivre Trans vous la présente.

 

 

Née assignée garçon sous le nom de Mehmet Özadikti dans un village de l’est de l’Anatolie, en Turquie pour ceux qui ne situent paaaas, Esmeray se définit comme “kurde, trans et féministe” et s’octroie le titre de “personne la plus opprimée de Turquie”. Présentations faites.

 

Un parcours singulier

Esmeray est une personne qui a dû se battre pour parvenir à ses fins. Si elle connut la gloire en 2007 grâce à un spectacle comique intitulé Cadinin Bohçasi (Le panier de la sorcière), qu’elle a écrit, c’est bien en transposant son parcours avec humour. Sacré tour de force.

Venant d’un milieu rural (de Turquie n’oubliez pas), elle prit la route pour Istanbul afin de tenter sa chance. Malheureusement comme bon nombre de ses homologues, ses espoirs déçus, elle devint à 15 ans « ouvrière du sexe », un moyen trop courant de subsister à ses besoins. C’est d’ailleurs un de ses fers de lance depuis, dénoncer ce fait de société qui pousse les personnes transgenres à la prostitution.

 

 

En 2011, n’ayant pour autant pas abandonner ses rêves, elle rejoint l’équipe de chroniqueurs de l’influent quotidien Taraf et s’apprêtait à subir une opération pour être libérée, dit-elle, “de quelque chose de mon corps dont je ne veux plus” et pour que sa féminité soit reconnue par l’état civil.

Artiste, actrice – notamment dans des pièces de Dario Fo -, Esmeray est aussi une militante qui revendique activement le droit pour les transgenres de Turquie de travailler dans d’autres secteurs que l’industrie du sexe.

 

 

Etre transgenre en Turquie, une fausse tolérance

Si l’homosexualité n’est pas illégale en Turquie, cela reste néanmoins un sujet tabou en société. Quand est-il des transgenres ?! Les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT, altersexuels) en Turquie font face à des difficultés que n’ont pas les habitants non-LGBT.

Idem au niveau des arts. L’article 428 interdit les livres, les chansons, la littérature et toute production « obscènes » et « indécents ». Il n’existe pas non plus de loi pour protéger les personnes LGBT des discriminations à l’embauche, à l’éducation, au logement, aux soins, aux services publics ou au crédit. Et on pratique encore le « crime d’honneur » dans certaines familles, crimes sur lesquels la Police ne préfère pas s’attarder.

Tout cela montre une certaine hypocrisie, affichant une certaine tolérance. Alors qu’en réalité, la haine des militants contre le mouvement LGBT ne cesse de s’accroitre.

 

Esmeray, une sorcière qui raconte son histoire

Avec une histoire de vie qu’elle a mise en scène dans un spectacle, Le Panier de la Sorcière, Esmeray nous emmène avec elle. Devenue femme à Istanbul, où elle vit actuellement. Esmeray a écrit son autobiographie, retraçant sa quête de « la femme à l’intérieur d’elle-même ». Elle en fait un cabaret plein d’humour, de verve et de sensibilité… Entre harangue et confession, une revigorante leçon de vie.

 

Esmeray / Le Panier de la Sorcière – Festival Mode d’Emploi 2012 from Les Subsistances on Vimeo.

 

Deux films lui ont aussi été consacrés : le court-métrage Ben/O (Moi/Lui) de Güldem Durmaz, en 2011, et le documentaire Ben ve Nuri Bala (Moi et Nuri Bala), primé au festival d’Antalya en 2009. Elle a participé à augmenter le bilan cinéma de cette année là ! ^^