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Indya Moore, nouvelle égérie trans de l’écran et des podiums

Vous avez probablement suivi la série de Canal+ cet été Pose, explore le New York de la fin des années 80 et l’émergence de la scène culturelle underground, trans et queer. Et vous y avez découvert Indya Moore. Bonheur.

 

 

À l’instar sa consoeur MJ Rodriguez, Indya Moore s’est révélée grâce à la série Pose, série promue par Canal+ et mettant en avant plusieurs actrices transgenres. Découverte via le petit écran, la vie lui sourit enfin et ses rêves commencent à se réaliser. Focus.

 

 

Nouvelle égérie Louis Vuitton

Depuis son succès télévisé, Indya Moore voit les opportunités professionnelles s’accumulées et le monde très fermé de la mode s’ouvrir devant elle. Fervente militante et visage inédit de la maison Louis Vuitton, Indya Moore illumine les podiums avec son sourire radieux, ses cheveux volumineux, sa taille de guêpe, ses jambes interminables, ses yeux de biche et sa bouche pulpeuse. Autant d’atouts qui en feraient rêver plus d’un-e ! À 24 ans, l’actrice transgenre dévore la vie à pleines dents et réalise ses nouveaux projets avec passion. Elle aime faire le show et elle le montre.

 

 

 

Ryan Murphy, celui par qui elle connaît le succès

Ryan Murphy est le créateur de la série Pose. Et grâce à lui Indya Moore est propulsée sur le devant de la scène en tant qu’actrice trans, lui permettant ainsi de jouer un personnage dans lequel elle se reconnaît et qui défend sa cause et ses valeurs.

Explorant les « bals », fameux lieux de rassemblement pour les personnes rejetées de partout, la série parle de ces nouvelles familles que se composent les personnes transgenres reniées par les leurs. Indya Moore incarne l’une de ces héroïnes, Angel, transgenre prostituée au cœur tendre qui s’éprend d’un golden-boy de Wall Street marié et père de famille. Comme son personnage, Indya Moore a souffert et est fière de promouvoir une telle série dans l’Amérique de Trump.

 

 

“Lorsque vous regardez la vie d’Angel, je veux que vous pensiez aux innombrables femmes noires et transsexuelles qui ont été détruites sans raison pour avoir seulement osé exister et vivre véritablement”, a tweeté l’actrice de télévision transgenre américaine Indya Moore, à propos du personnage qu’elle incarne dans la série Pose. Celle qui a d’abord été mannequin (trans) après avoir arrêté l’école à 15 ans assurait au magazine People, en juin 2018, avoir “été la première mannequin transgenre à poser pour beaucoup de compagnies”.

 

Pose, la série qui révolutionne le sujet des trans

Oui on parle de la série car c’est une révolution du genre. Habituellement, lorsqu’une personne trans apparaît dans un rôle, c’est souvent pour illustrer un-e simple prostitué-e. Ici, on va plus loin, on aborde d’autres personnalités. Comme Indya Moore l’affirme, ce rôle est plus qu’un simple job pour elle : “Pose met en scène des personnes marginalisées très peu représentées à l’écran. Et montre que la famille est celle que l’on se choisit, surtout pour les trans qui sont ostracisées. Elle questionne la peur collective des identités multiples. Juste parce qu’on ne vous ressemble pas, que l’on n’aime pas comme vous, que l’on n’envisage pas la mode de la même manière que vous, on devrait être bannis de la société ?

 

 

Cette série parle d’amour et prouve qu’on ne doit pas juger quelqu’un en fonction de son genre ou de sa sexualité. Elle déconstruit les idées reçues sur la communauté trans comme le sida, les normes du genre, la hiérarchie des privilèges. Car même au sein de la communauté LGBTQ, il y a de la discrimination”. Elle emploie d’ailleurs bien ses mots et les choisit avec soin pour en parler.

 

Indya Moore, une femme aux multiples projets

Si elle est ultra reconnaissante à Ryan Murphy pour ce rôle, il n’en reste pas moins que c’est une femme d’affaires avisée. Ayant créé sa propre société de production, et participant à la réalisation d’un des épisodes de la série, elle veut continuer à faire avancer la cause : “J’écris et j’ai envie de créer des projets pour les autres, leur offrir davantage d’opportunités, au-delà du genre. Je veux qu’on nous voie comme des êtres humains. L’art est un moyen pour créer de la solidarité dans notre communauté. Je suis très heureuse qu’une marque comme Louis Vuitton inclue dans ses campagnes des gens comme moi et j’espère qu’elle en inclura d’autres que moi. Que d’autres marques lui emboîteront le pas. La culture queer et trans a inspiré la culture populaire. Il ne faut pas l’oublier.”

 

 

La cause trans, toujours délicate en 2019

Dire qu’être transgenre est une question de vie ou de mort serait exagéré ? Eh bien malheureusement, pas vraiment, bien qu’on soit en 2019. Et notre flamboyante actrice ne l’oublie pas. “Je n’oublie pas que des dizaines de militants trans sont morts pour voir des gens comme moi en arriver là. Pour créer du changement. Demander qu’on soit vus, entendus, en sécurité, qu’on puisse exister”. Loin de chercher la pitié, elle parle avant tout en se basant sur son expérience.

 

Issue du Bronx, à New York, et d’une famille très religieuse, elle se voit rejetée par sa famille qui refuse d’admettre qu’elle puisse être d’un autre genre que celui de sa naissance. S’ensuit malheureusement violences et punitions dans « l’espoir de la guérir ». Elle quitta donc la maison très jeune (à 13 ans) après son coming out. Elle est alors reçue dans des familles d’accueil où le sort qui l’attend n’est pas plus enviable. Abusée, victime de trafic sexuel, battue encore, quand on découvre qu’elle est transgenre, elle fait une tentative de suicide. Heureusement, la corde cède et Indya Moore y voit comme un signe.

A 19 ans, elle se choisit une famille et intègre la Maison Extravaganza, où on l’initie à la culture des bals. “J’en ai fait un, j’ai été saquée et je n’y suis jamais retournée. Je n’étais pas aussi forte que les autres filles. Personne ne devrait penser que quelque chose n’est pas fait pour soi parce qu’on a échoué une fois. Les échecs sont ce qui vous donne vos plus beaux succès si vous apprenez d’eux.”

 

 

L’envie d’être actrice déjà présente

Si elle s’essaie au mannequinat, ce sont les écrans qui l’attirent avant tout. Fan de science-fiction et d’Angelina Jolie, elle veut être dans le divertissement. “J’aimais divertir, rendre les gens heureux, les faire se sentir bien. C’est ce qui m’a fait réaliser que je voulais en faire mon métier. Je ne pensais pas que ce serait possible, à cause de qui je suis. Personne ne m’a jamais dit que je pourrais. Et pourtant…”.

Elle veut aussi montrer que l’amour n’a pas de frontières, ni de couleurs. Et veut se servir de ses rôles pour cela. “J’aimerais que l’industrie arrête d’associer l’identité trans au sexe. Si je joue une prostituée, je veux en jouer une qui le fait pour soutenir sa famille et s’assumer, comme Angel dans Pose. Mais je veux aussi interpréter une mère, une superhéroïne, un personnage qui a du pouvoir et s’en sert pour avoir une influence positive, quelqu’un qui dépasse les conventions, qui démolit l’ordinaire et les traditions. Je veux voir des gens de couleur s’aimer à la télé, et un public blanc s’identifier à elles. L’amour, c’est l’amour : blanc, noir, gay, trans”. Indya Moore rêve de travailler un jour avec des artistes comme Jordan Peele ou J.D. Dillard. Celui d’Angel, dans Pose ? “Etre traitée comme n’importe quelle autre femme.”

 

 

On a hâte de la retrouver dans de nouveaux rôles… Et si vous avez envie d’échanger avec des jeunes, belles trans un peu exotiques, c’est par ici...

 

 

Source : propos recueillis par Paris Match