Pour son premier rôle dans un film, Leyna Bloom incarne une danseuse trans habituée des ballrooms. Un rôle qui lui colle à la peau puisque cette jeune activiste américaine est aussi une activiste trans engagée qui a souhaité au travers ce film « faire connaître cette communauté au-delà des clichés ». Portrait d’une jeune femme qui mène le combat de la visibilité.
Une visibilité au cinéma
Pour son tout premier rôle au cinéma, Leyna Bloom rayonne dans le premier film de Danielle Lessovitz « Port Authority » et s’offre une exposition internationale en étant présenté au Festival de Cannes et à celui de Deauville notamment. Leyna était déjà danseuse et mannequin dans la vie, habituée des podiums de la fashion week new-yorkaise. Son rôle, c’est à la fois elle et quelqu’un d’autre, elle insiste sur la fait qu’il s’agit d’un rôle de composition. Même si cette jeune femme de 29 ans a changé de genre comme Wye son personnage à l’écran. Elle aime d’ailleurs montrer des photos de son enfance et se qualifier de « il » en reparlant de cette période de sa vie.
Un entourage qui la soutient
Très soutenue par ses parents, elle est consciente de la chance qu’elle a. Née d’une mère originaire des Philippines et un père afro-américain, elle a grandi à Chicago dans une famille modeste mais tolérante. Elle a une arrière-grand-mère qui enseigne la danse dans son salon. Et qui redonne aux enfants du quartier l’espoir que le ballet ne soit pas réservé aux Blancs. Son père est DJ à ses heures et passe des soirées à faire danser ses enfants sur des disques de la Motown.
De quoi révéler une âme de danseuse et un gout prononcé pour la musique. Elle intégrera à l’âge de 15 ans les fameuses « Houses » (la culture ball est structurée en maisons qui font office de familles). Là-bas elle fera des rencontres qui vont impacter le reste de son parcours. Ces gens incroyables vont non seulement la protéger mais aussi lui donner la force de voir l’existante autrement. Elle participera à de nombreuses soirées de la scène queer underground. Avec des soirées extravagantes où le look et la danse jouent un rôle primordial.
C’est d’ailleurs lors d’une de ces soirées qu’elle sera accostée par une personne qui recherche une jeune femme trans pour un rôle dans un film indépendant. Elle acceptera alors cette proposition dans l’espoir de « faire connaître cette communauté au-delà des clichés et des fétichisations ». Car elle veut penser avant tout à toutes les personnes trans qui doivent raser les murs et faire profil bas lorsqu’elle vivait au fin fond d’un état comme le Minnesota par exemple. Et pense que cette visibilité est nécessaire.
Un combat pour des droits
Aux Etats-Unis, l’équivalent de notre Sécurité Sociale est inaccessible aux personnes trans. Et l’arrivée de Donald Trump au pouvoir n’a fait qu’aggraver les choses pour cette communauté. D’ailleurs Leyna ne cache pas son dégout pour le nouvel occupant de la maison blanche dont elle refuse même de prononcer le nom. Le ton est donné. Même pour elle, et malgré le succès et la médiatisation dont elle fait l’objet, le fait d’être trans va encore se mettre en travers de sa route. Pour le Festival de Cannes par exemple, elle s’est vue refuser un prêt de vêtements par une grande maison de couture qu’elle aimait vraiment beaucoup.
Sa transition
Leyna Bloom dit qu’elle s’est toujours sentie femme. Depuis toute petite, tout le monde la prenait pour une fille. À l’adolescence, même habillée de façon masculine, on l’appelait encore mademoiselle. Son père l’encouragera à exprimer sa personnalité et à être fière de qui elle est. Il lui achètera sa première poupée. Et lui rappellera sans cesse qu’elle est quelqu’un de spécial et que c’est une force. Elle ne rentrera pas plus dans les détails de sa transition, qui importent peu.
Un personnage trans haut en couleurs
A mi chemin entre la fable urbaine new yorkaise et le conte initiatique, Port Authoriry raconte l’histoire de Paul, un jeune blanc un peu paumé originaire de Pittsburgh qui va débarquer à New York avec plein de rêves dans la tête. Il fera face à plusieurs difficultés. Et se retrouvera contraint d’expulser des familles de leur foyer pour pouvoir payer son loyer. Un boulot bien loin de ses aspirations. Il va alors rencontre Wye dont il va immédiatement tomber amoureux. Et découvrira avec elle les ballrooms et le voguing (une compétition qui consiste à défiler, séduire un jury tout en enflammant la piste) auquel s’adonnent les minorités de Harlem (noirs, gay, trans, queers). Il découvrira à l’occasion de leur première nuit d’amour que Wye n’est pas tout à fait celle qu’il croyait. Pour la réalisatrice du film, cette découverte est le lot de toute histoire d’amour quelle qu’elle soit.
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