Depuis quelques temps, on sent monter une vague d’homophobie et de transphobie aux Etats-Unis, avec notamment plusieurs lois destinées à invisibiliser la communauté LGBT.
Plus récemment, au Tennessee, deux nouveaux projets de loi ont été adoptés le 25 avril dans le but de restreindre encore les droits des étudiants transgenre et LGBT. De quoi s’agit-il exactement ?
Deux projets de lois transphobes
Passé par la chambre d’état, le premier projet, intitulé HB2633, permet d’autoriser les enseignants à ne pas suivre la demande des élèves qui souhaitent choisir leurs pronoms. Le second projet quant à lui est déjà bien plus avancé car il est passé dans toutes les mains de la législature et a été signé par un gouverneur républicain. Appelé SB2153, il interdit aux femmes transgenres de participer aux sports féminins jusqu’au niveau universitaire. Cela fait écho au récent scandale qui entoure les résultats sportif de la nageuse Lia Thomas, fortement contestés. Il est même précisé dans cette loi que les athlètes cisgenres pourront porter plainte contre une personne transgenre qui gagnerait une compétition.
Une négation des personnes transgenres
“Le fait de dire aux étudiants transgenres qu’ils ne peuvent pas participer comme ce qu’ils sont vraiment revient à les exclure entièrement du sport, les priver des opportunités offertes à leurs pairs et envoyer le message qu’ils ne sont pas dignes d’une vie bien remplie”, s’est insurgé Henry Seaton, défenseur de l’Union américaine pour les libertés civiles de la justice transgenre du Tennessee, dans un communiqué relayé par PBS.
Pourtant, le Tennessee est l’état qui a promulgué le plus de lois ciblant les personnes transgenres en 2021. Sous couvert de protéger les femmes, les partisans du projet se permettent donc d’interdire les personnes transgenres dans les sports. Ils ne tiennent pas compte des préoccupations selon lesquelles ils discriminent une population déjà vulnérable. Ni le fait que certaines lois sont tout simplement inapplicables. On peut même imaginer que ces lois pourraient nuire à la réputation de l’Etat. Mais le Tennessee ne semble pas très gêné par cette image homophobe puisque la liste des lois promulguées ces derniers temps est aussi longue qu’accablante.
Le Tennessee a un historique anti-LGBT
Si ce genre de lois se sont accélérées depuis l’an passé, c’est suite à un changement politique vers la droite. Le prédécesseur Républicain avait quant à lui fortement ralenti sur les lois socialement conservatrices. Mais c’est désormais un autre visage que donne cet Etat avec de nombreuses lois anti-LGBT. Ce qui a amené la Campagne des Droits de l’Homme à qualifier 2021 de pire année de l’histoire récente pour la communauté en termes de législation. En effet, les différentes lois votées sont édifiantes :
- Les écoles publiques pourraient perdre un procès si elles laissent les étudiants ou employés transgenres utiliser les toilettes ou vestiaires à plusieurs personnes qui ne reflètent pas leur genre assigné à la naissance
- Les districts scolaires doivent prévenir les parents 30 jours à l’avance lorsqu’un cours sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre sera donné
- Le projet de loi « No Promo Homo » visant à interdire les contenus qui promeuvent, normalisent, défendent ou évoquent des sujets lesbiens, gays, bisexuels ou transgenres dans les écoles publiques avait été proposé, avant d’être accepté sous le nom de « Don’t Say Gay » plus tard en Floride
- En 2016 déjà une loi permettait aux psychologues de refuser de traiter des patients LGBT
Un climat défavorable à la communauté LGBT
Dans ce contexte, on comprend mieux que 94% des jeunes LGBT aient déclaré que les récents débats politiques sur la question avaient pu nuire à leur santé mentale … Selon une enquête menée par the Trevor Project. On compte même plus de la moitié des jeunes transgenres et non-binaires qui indiquent avoir sérieusement pensé au suicide au cours de l’année dernière. « Notre fils demande régulièrement :« Quand pouvons-nous déménager ou pouvez-vous m’envoyer au pensionnat ? »», A déclaré Amy Allen, dont le fils transgenre de 8e année redoute de passer de l’école privée à l’école publique à l’automne prochain. Avec de telles lois, il est clair que le signal envoyé par l’Etat est que la présence des personnes LGBT n’est pas souhaitée au Tennessee.