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Transidentité en ligne : comment changer facilement et rapidement de prénom et de genre ?

Internet a du bon. Cet outil puissant peut être aussi formidable que destructeur. Heureusement, il y a toujours de bonnes personnes pour avoir de bonnes idées et les mettre en application. Parmi elle, la plateforme changemy.name. Une nouvelle plateforme pour vous aiguiller dans vos démarches de transidentité en ligne.

 

 

Si vous avez déjà parcouru le chemin de croix qu’était le désir de changer son identité auprès de l’état, cela peut enfin se simplifier. En tout cas, sur Internet. Une nouvelle plateforme, baptisée changemy.name, apporte une aide aux personnes transgenres qui souhaitent changer leur prénom ou leur genre auprès des services et entreprises en ligne. 

 

Changemy.name vous simplifie la vie

Lorsqu’on navigue sur la toile, on laisse de nombreuses informations. Et parfois on les oublie. Le jour où l’on doit modifier tout ça, cela peut prendre du temps, être fastidieux et pas forcément efficace. Modifier son prénom ou son genre auprès des services et entreprises en ligne n’est pas toujours une simple formalité. 

C’est pourquoi le 17 juin 2020, changemy.name a vu le jour. Sur le site, vous retrouvez une liste d’entreprises et de services. Il précise alors la facilité d’y faire une mise à jour du genre et du prénom. 

« J’ai conçu cette plateforme en partant de ma propre pratique, explique à Numerama Jill Royer, développeuse et créatrice du site changemy.name. Les concepteurs de service ne pensent pas forcément que le prénom ou le genre peuvent être modifiés. C’est d’autant plus gênant lorsque ce sont des entreprises qui affichent leur soutien aux personnes LGBT. » 

 

Pourquoi cette plateforme ? Quels obstacles pouvez-vous rencontrer ? 

La transidentité en ligne est un vrai sujet qu’il faut faire connaître plus largement. En effet, si cela peut paraître anodin, il y a au contraire de vraies conséquences pour les personnes concernées. On distingue parmi eux 3 obstacles majeurs : 

La vie privée

les entreprises qui ont des comptes publics. Cela forcerait la personne à faire son coming out ou que chacun sache pour sa transidentité. Ce qui n’est pas forcément ce qu’on désire… 

Un service dysfonctionnel

vous n’avez pas le même nom, donc vous ne pouvez plus utiliser le service. Cela concerne des entreprises privées. Et cela oblige à créer un nouveau compte. Pourtant, ce système est souvent interdit dans leurs chartes. Et c’est sans compter la perte d’informations qui peut être aussi préjudiciable. 

Le confort d’utilisation

On le place en dernier mais le confort reste important. Particulièrement à cause du mégenrage. C’est souvent le cas de figure dont on parle le plus, bien qu’il ne soit pas le souci le plus concret. 

 

 

Ce que l’on peut souligner grâce à cette plateforme, ce sont les difficultés rencontrées par les internautes non anticipées par les entreprises. Le sujet de la transidentité en ligne n’est pas leur priorité. Même lorsqu’ils soutiennent officiellement le mouvement LGBT. Même lorsque le service support comprend la situation, il y a bien souvent une méfiance. Ils peuvent demander une vérification de l’identité, en invoquant des raisons de sécurité, quand bien même cela n’avait pas été demandé lors de l’inscription. De plus, en terme de développement informatique, le changement d’informations dans les données est perçu comme un frein. Chose bien sûr qu’aucune entreprise n’aime. 

Pourtant, si l’on s’en réfère au cadre légal, le RGPD (règlement général sur la protection des données) permet de modifier un prénom et un genre, à partir du moment où ceux- ci sont modifiés légalement (dans l’article 16). De plus, en France, le titre (M., Mme) ne fait pas partie de l’état civil et est donc indépendant de l’identité légale et du genre à l’état civil. Un fait que le Défenseur des droits a confirmé dans une décision en 2014. Pour les personnes qui n’ont pas changé de genre à l’état civil, en théorie des entreprises devraient donc accepter de s’adresser à elles comme elles le désirent, par M. ou Mme, indépendamment de leur identité légale. 

 

Changemy.name étiquette les entreprises pour mieux vous repérer 

Jill Royer a essayé de penser à tout et de le faire simplement. Le but est vraiment de vous faire gagner du temps dans vos démarches. Et en efficacité bien sûr. Du coup, vous avez un moteur de recherche si vous cherchez une entreprise ou un service spécifiquement. Toutes celles qui sont répertoriées sont aussi listées. Vous observerez également un système d’étiquettes colorées. Cela permet d’identifier le niveau de difficulté rencontré par les internautes transgenres lors de leurs démarches de transidentité en ligne. 

Prenons l’exemple de Reddit. Il est flagué rouge car vous ne pouvez changer votre nom d’utilisateur/trice. Ce qui n’est pas le cas de plus grosses entreprises comme Amazon, Apple, Darty, … qui elles sont en vert. En effet, un simple formulaire permet d’effectuer les changements. Vous avez aussi les intermédiaires. Exemple : BlaBlaCar est en jaune car il est nécessaire d’écrire au support pour procéder à ces changements. Et en vert car le support ne mégenre pas les internautes lorsqu’il est contacté. 

 

 

Faites vivre le site grâce à vos contributions 

« L’idée derrière cette plateforme était d’abord d’aider les personnes trans, pour qu’elles puissent connaître la marche à suivre sur les différents sites, ou leur faire gagner du temps si certains sites ne permettent pas de changer le genre ou le prénom », explique Jill Royer. Le projet est réalisé en partenariat avec le portail d’informations Wiki Trans. Changemy.name s’en distingue cependant en étant un site multilingue, avec une dimension internationale. 

Le site continuera d‘évoluer grâce aux différentes contributions des personnes qui souhaiteront participer. Et on parle ici de partage d’expérience, non d’argent. La procédure est indiquée ici. « Le site a déjà recueilli plusieurs contributions. L’idée est d’en faire une plateforme enrichie progressivement », décrit la développeuse. Les premiers retours sont positifs et « le site a déjà reçu plusieurs milliers de visites depuis son lancement le 17 juin », conclut Jill Royer.