Tout savoir sur Kalea Hanere, concurrente polynésienne au concours de Miss Trans Star International 2022

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Taha’a a vu un de ses perles dévoilée au grand jour : Kalea Hanere. Cette dernière était arrivée en France pour terminer sa transition. Pour autant, elle n’a jamais oublié ses origines.

 

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Et c’est avec fierté qu’elle porta cette année les couleurs du fenua pour une prestigieuse et célèbre élection, celle de Miss Trans Star International qui avait lieu le 12 mars prochain à Barcelone.

 

Destinée à être Miss

Kalea Hanere a vu le jour à Taha’a et a vécu à partir de 10 ans à Tahiti avec sa mère. Depuis toute petite, elle est passionnée des concours de beauté. Elle rêve un jour de monter sur le podium pour décrocher une des fameuses couronnes, comme Angela Ponce. Et c’est ce qui arriva en 2006 lorsqu’elle devient cette année là Miss Vahine Tane. 

Mais Kalea veut plus. Et c’est donc à 20 ans qu’elle s’envole tout naturellement pour la France; Elle évoque des raisons personnelles pour ce voyage. Mais il est surtout voué à “faire plus rapidement [sa] transition” : “pour moi, de rester à Tahiti, ce n’était pas évident pour faire ma transition. Donc j’ai préféré venir ici afin de devenir la femme que j’ai toujours voulu être. À Tahiti, on n’a pas les mêmes moyens qu’en France où les traitements sont pris en charge par la sécurité sociale”.

 

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Une inégalité de traitement

Il est vrai que la France est un bon pays pour les soins concernant les transitions. Ce qui n’est pas le cas en Polynésie. Là bas, aucun traitement hormonal n’est pris en charge par la CPS, ni les opérations chirurgicales : “On sait très bien, à Tahiti, que si on veut faire notre transition rapidement, il faut aller en France, c’est plus facile pour nous là-bas. On est vraiment pas accompagnés à Tahiti. (…) En plus de ça, il y a une aide pour ceux qui souhaitent faire des opérations, grâce à des équipes qui traitent les dysphories de genre dans les hôpitaux et qui nous facilitent l’accès à des opérations, via un suivi médical”.

C’est d’ailleurs un de ses souhaits, qu’on puisse un jour les polynésien.nes puissent faire directement leur transition sur leur île au lieu de devoir migrer sur un continent. Elle lance d’ailleurs un appel pour cela : “Je lance un message aux dirigeants de la Polynésie : faites quelque chose pour nous, les personnes trans de Polynésie, pour qu’on puisse faire directement chez nous notre transition, sans partir ailleurs, et que l’on n’ait pas peur. Ce n’est pas facile de tout devoir quitter à Tahiti, sa famille, ses amis … Pour venir ici” confie Kalea Hanere.

Mais le sujet ne semble pas sur la table de discussion à l’heure actuelle. La prise en charge des personnes transgenres semblent donc être encore un long chemin à parcourir. “Certains trans ont même du mal à trouver du travail. Il y a énormément de trans qui se prostituent, qui sont rabaissées, mal vues, et pointées du doigt” déplore la jeune femme.

 

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Elle vit en France

Bien qu’elle ait passé quelques années à Paris, notre jeune trentenaire a trouvé son havre de paix à Toulon. D’ailleurs, elle ne semble pas vouloir revenir au fenua, malgré une transition finalisée depuis 5 ans. Elle se sent bien dans sa nouvelle ville de coeur, où elle jongle entre restauration et mannequinat. Un monde où elle retrouve ses racines : “Je travaille avec beaucoup de marques tahitiennes pour promouvoir le fenua”. Loin des yeux, mais pas du cœur donc.

 

Miss Trans Star international, un moyen de faire entendre sa voix

Peut-être aviez vous déjà remarqué Kalea Hanere en 2008. En effet, elle avait participé cette année là au concours Miss Trans France à Paris. Elle y avait décroché le titre de « Miss Photogénique » : “J’ai toujours été attirée par les élections. Pour moi, c’est important de représenter la beauté d’une femme”. 

Si elle était passionnée des concours de beauté, elle a néanmoins fait une pause pendant 14 ans avant de se relancer à nouveau dans le domaine. “J’attendais d’être stable au niveau de ma vie professionnelle, sociale… avant de me relancer dans les élections. Aujourd’hui, je suis prête”. Et Kalea ne se lance pas dans n’importe quelle élection de beauté, mais celle de Miss Trans Star International, un concours reconnu mondialement : “C’est surtout le plus important au niveau européen” précise-t-elle.

Une bonne intention puisque Tahiti y était représenté pour la première fois. “Je suis la toute première candidate polynésienne à ce concours. C’est un honneur d’y aller pour la première fois, et d’ouvrir la voie, je l’espère à d’autres de mes consœurs polynésiennes. Mon but, c’est d’aller le plus loin possible et de représenter notre Pays. Je n’y vais pas que pour moi, j’y vais pour défendre notre communauté de personnes trans et la communauté LGBT” a-t-elle déclaré avant le concours. L’élection avait lieu le 12 mars 2022 à Barcelone.

 

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Libre comme l’air

Kalea est courageuse car en général, les Miss ont un armada derrière elles pour les aider lors des concours. Mais pour la première fois, elle y participa en candidate libre, sans comité derrière elle. Ce qui ne veut pas dire sans soutien. 

Je n’ai pas de comité de Miss Trans France ou de Tahiti qui me suit et me prépare, malheureusement, je n’ai pas cette chance comme d’autres candidates. Je me prépare toute seule, et c’est beaucoup de travail. C’est vraiment très dur. Ce n’est pas une petite élection, c’est vraiment une grande élection”. 

Pas de comité, cela veut dire qu’elle a dû faire ses costumes elle-même par exemple. Et faire toutes les démarches seule. Mais loin de la décourager, cela l’a motivé davantage : “Je n’y vais pas que pour moi, j’y vais pour une communauté, j’y vais pour défendre notre communauté de personnes trans et la communauté LGBT. (…) J’y vais aussi pour faire un peu bouger les choses en Polynésie. Le plus important, c’est de défendre une cause. Je n’y vais pas juste pour la beauté. Il y a un combat derrière. Ce n’est pas un concours de beauté banal. Beaucoup militent à travers cette élection”.

 

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Elle veut donner plus de visibilité au fenua

Kalea espèrait que cette démarche ne nuirait pas à son combat et que cela apporterait une résonance pour sa communauté : “De médiatiser ma participation au concours va me donner de la visibilité, et grâce à ça, on pourra me reconnaitre et je pourrai essayer de faire quelque chose, car une personne “ordinaire”, peu connue, aura plus de mal à faire bouger les lignes. J’espère avoir le soutien de la Polynésie pour l’élection, pour revenir ici et essayer de voir ce que je pourrai faire avec l’association Cousins Cousines, par exemple”. 

Il y a encore beaucoup à faire pour qu’on soit totalement acceptés dans notre société et pour qu’il n’y ait plus d’élections que de trans ou de femmes… et qu’il y ait qu’une seule et unique élection car on représente toutes un genre qui est la femme, mais c’est déjà un bon début et c’est déjà très bien qu’il y ait des femmes transgenres qui participent à ces élections” ajoute-t-elle. 

D’ailleurs, première avancée en la matière : les candidates transgenres avec état civil féminin peuvent, si elles le souhaitent, participer à Miss France : “Peut-être qu’un jour Miss Tahiti acceptera aussi des personnes transgenres” nous dit Kalea. “J’ai espoir qu’un jour on y arrive, et qu’on évolue à Tahiti”.

Notre belle Miss polynésienne reste en tous les cas résolument optimiste : “C’est le moment de faire évoluer les choses pour les hommes et femmes trans en Polynésie, même si c’est difficile de mettre en place des choses pour nous, même si c’est beaucoup de travail, beaucoup de réflexions. Mais il faut au moins essayer. J’ai espoir qu’un jour on y arrive, et qu’on évolue à Tahiti”.

 

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Pas de couronne mais heureuse malgré tout

Sélectionnée parmi les 28 candidates au premier tour en intégrant le top 16, Kalea Hanere a finalement été éliminée du concours Miss trans star internationale, qui a eu lieu en Espagne, le 12 mars. Fière de son parcours, elle a adressé un message à tous les trans de Polynésie. 

Arrêtez de vous cacher et allons-y toutes ensemble” a-t-elle adressé aux trans de Polynésie avec ferveur, après son élimination du concours de Miss trans star internationale. Un peu déçue, Kalea Hanere, représentante de la Polynésie française originaire de Tahaa, s’est tout de même distinguée parmi les 28 candidates, puisqu’elle a été sélectionnée dans le top 16, avant de quitter la scène. Elle accepte la défaite :

“Ça s’arrête déjà. J’aurais voulu continuer un peu plus, que la compétition soit plus longue… Mais bon, c’est comme ça, c’est le jeu. Faut rester fair-play, même si c’est très du, car je sais que tous les Polynésiens sont derrière moi !”

 

 

 

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