Kiddy Smile et les marches de l’Élysée, une ascension ?

Kiddy smile - vivre trans

Vous n’avez sûrement pas raté ce 21 juin 2018, la Fête de la Musique à l’Élysée, avec le couple Macron, un DJ, un chanteur et des danseurs. Mais pas n’importe lesquels ! Parmi ces artistes programmés, Kiddy Smile, “fils d’immigré, noir et pédé…”, comme il s’est définit lui-même avec son Tee-shirt. Vivre Trans vous en dit plus…

 

kiddy-smile-cuissardes-PHOTOS SYLVAIN LEWIS - vivtre trans
PHOTOS SYLVAIN LEWIS – Technikart

 

Queer jusqu’au bout des ongles, Kiddy Smile a mis le feu au palais de l’Élysée lors de la Fête de la Musique. Le bâtiment, habitué à recevoir des chefs d’état, a reçu un ouragan de bonne humeur et a dépoussiéré ses vieux meubles. Premier concert électro sur les marches, un événement ! Artiste engagé, Kiddy Smile a su faire parler de lui. Si le public a été sage, les réseaux sociaux se sont déchaînés. Est-ce à cause du type de musique ou de l’homosexualité affichée de ses participants ?

 

Kiddy Smile un artiste fier et engagé

29 ans, noir, gay, fils d’immigré, tout en contraste, l’artiste l’assume complètement. D’une carrure imposante (2m pour 100kg), il n’est pourtant que douceur et amour. Issu d’un quartier de Rambouillet, Les Alouettes, il est plutôt attiré par la danse que par le foot. Difficile dans une banlieue où l’homosexualité y est stigmatisée : « De mon expérience de ce qu’est un quartier, les gens sont tellement mis au ban de la société qu’ils se doivent de se montrer fort tout le temps. L’homosexualité y est vue comme une forme de faiblesse car associée à la féminité. Le quartier est le dernier endroit où tu peux te saisir de ta féminité comme quelque chose dont tu peux être fier. »

 

artiste-kiddy-smile - vivre trans
Photo Sylvain Lewis

 

Mais il ne baisse pas les bras. D’ailleurs, après quelques années de pratique, il fait sa première apparition à 18 ans, dans un clip de George Michael – « J’avais conscience qu’il s’agissait d’un artiste majeur mais je me demandais ce que je faisais là », glisse-t-il. Bien lui en a pris !

 

Des rencontres qui ont changé sa vie

C’est ainsi que tout naturellement, il se tourne vers la musique dans les années suivantes. Sa rencontre avec la chanteuse Beth Ditto est décisive. « Elle est d’une grande générosité, elle m’a poussé plus que je me serais bougé. Elle m’a invité à me produire à Coachella [en 2010], pour moi, ce festival, c’était mon rêve. Aujourd’hui encore, elle me conseille. Quand ça ne va pas, que je doute, je l’appelle, et elle est à l’écoute », s’enthousiasme Kiddy Smile.

 

 

Cependant, des divergences artistiques lui font claquer la porte de son label et jettent aux oubliettes son premier album. Peu importe, Kiddy Smile a déjà laissé son empreinte. Il s’est notamment imposé comme une figure de la scène ballroom parisienne. « Cette communauté, regroupe des gens de couleur, LGBT, et leur offre un espace pour s’émanciper et développer leur talent, avec un ensemble de danses que les médias résument sous le terme de “voguing”. »

 

Engagé, il soutient la cause LGBT

Kiddy Smile veut défendre toutes les causes et pas seulement la sienne. Compliqué encore de nos jours. Il le traduit à travers le texte de ses chansons qui parlent de sa condition mais aussi d’amour et de politique. Refusant d’être limité à la simple image du Queer, il veut être plus que ça : « Pour certains, le queer est une opposition à straight. Si tu es un homme cis [non trans], blanc, hétéro, et que tu ne te retrouves pas dans le schéma des normes hétérosexuelles, tu es queer. Mais pour moi, poursuit Kiddy Smile, il faut être LGBTQIA (lesbienne, gay, bi, trans, en questionnement, intersexué, asexuel), mener une action militante à ce propos et, le plus important, ne pas discriminer au sein de la communauté et ne pas se conformer à ce que la société attend de toi. »

 

Kiddy Smile ©CHRISTOPHE PETIT TESSON:POOLAFP - vivre trans
Photo ©CHRISTOPHE PETIT TESSON:POOLAFP

 

Tout en allant plus loin : « Mes revendications ne sont pas seulement queer. Beaucoup de choses me dérangent dans la société, dont la capacité de cette masse de privilégiés d’admettre leurs privilèges et d’en concéder à ceux qui en ont moins. » Homos compris, car, selon Kiddy Smile, « il y a une course des gens oppressés à intégrer la classe des oppresseurs. En clair : l’oppresseur, c’est l’homme blanc hétérosexuel, c’est lui qui a défini cette société. Dans la communauté LGBT, ceux qui sont les plus à même de passer dans la case des oppresseurs sont les hommes, blancs, qui n’ont pas de problème à masquer leur orientation sexuelle. Certains ont l’obsession d’avoir l’air masculin, c’est un peu se renier, dire “il faut être pédé mais pas trop fort”. Ce qui est très triste car la plupart des droits acquis par les LGBT l’ont été par des luttes entamées par les plus opprimés : les trans, les drag-queens, les gens de couleur. »

 

Un passage à l’Élysée par très bien apprécié par certaines personnes de la droite

En tout cas, quoi qu’il en soit, Kiddy Smile ne laisse pas indifférent. Ce 21 juin, l’artiste a mis le feu au palais de l’Élysée avec son concert électro, et si Jack Lang en a salué l’initiative, d’autres se sont insurgés. Sans surprise, les plus conservateurs. Avec son Tee-shirt revendiquant ses “origines ” (Fils d’immigrés, noir et pédé), il attire autant les critiques que le président. Certains s’interrogent sur la pertinence d’un tel événement

 

 

 

Heureusement, certains remettent les pendules à l’heure…

 

 

 

Kiddy smile, trois petits tours et puis s’en va

La bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe. Ayant anticipé la veille de sa venue les propos haineux et racistes qui allaient sortir à travers un long message sur Facebook, notre artiste déjanté fait fi de ces derniers. Et il a bien raison ! On a hâte de le retrouver ailleurs en tout cas.

 

 

 

Source : 20 minutes, les Inrocks

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*