Océan, le plus célèbre humoriste transgenre

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Vous avez peut-être entendu parler de l’humoriste Océanerosemarie et de son spectacle “Chatons Violents” ? Le comédien né Océane Michel en 1977 à Paris a officialisé sa nouvelle identité, celle d'”Océan”, le 17 mai 2018, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie. 

 

 

“Il y a deux ans, après avoir compris que le masculin en moi avait toujours été contrôlé, écrasé, contenu, parce que j’avais peur de le laisser surgir, j’ai décidé que ça suffisait.”, a notamment confié l’homme trans ce jour-là, rapporte le magazine féminin Madmoizelle. Sa transition a beaucoup fait parler sur les réseaux. Et lui même l’a documenté sur Youtube, ainsi que sur France TV. Retour sur un personnage qui sait prendre la vie du bon côté. 

 

Une transition racontée sur France TV…

Il y a 10 ans, Oshen (lors de son passage musical) devenue Océanerosemarie brûlait les planches avec son spectacle « La lesbienne invisible ». Humoriste, actrice, réalisatrice, on la retrouve avec sa comédie romantique homo « Embrasse moi ». 

Depuis, il a parcouru un sacré chemin en devenant enfin lui-même à 41 ans : Océan. Et c’est pour partager son expérience qu’il l’a retracé dans un webdocumentaire de dix épisodes sur France.TV. Une série si captivante qu’on se la fait en binge watching. 

Ici, il parle de sa transition « sociale et hormonale ». Il partage aussi ses moments de « déconstruction » qui lui permettent d’atteindre l’épanouissement. On le suit ainsi lors de sa première injection de testostérone, avant et après sa mastectomie, dans les cabinets médicaux, au sein de la communauté trans, avec ses proches dont sa mère, personnage essentiel de ce récit à la première personne. Mais aussi de l’approche du monde extérieur : 

“ Nous les trans, nous n’avons pas de problème, c’est plutôt la société qui a un problème avec nous ”.

On ne peut que être séduit par cet autoportrait qui nous prend à coeur, qui nous engage avec lui, grâce à sa vivacité et sa sincérité. Enfin, Océan se sent bien dans son identité, dans son genre. Il est enfin lui-même. 

 

… qui s’est faite naturellement avec les années

Si aujourd’hui Océan se sent bien dans sa peau, dans son genre, on peut se demander légitimement ce qui l’a poussé à franchir le pas. Et s’il regrette toutes ses années avant, à se définir en tant qu’homme. Il en parle librement, sans peur et sans fierté, juste en étant lui. 

« Quand j’ai décidé de faire ma transition, j’ai eu ce désir d’enlever le ‘e’ de Océane, ce qui est finalement un geste très naturel, c’est à dire d’enlever ce qui féminise, tout en gardant une connexion avec mon prénom de naissance, explique l’acteur de 41 ans. Je vis ma transition comme un continuum, pas une rupture, je ne coupe pas avec mon passé parce que j’ai l’impression d’avancer vers moi, de me diriger vers, d’évoluer ». 

Le quadragénaire poursuit : « Ces années de lesbienne publique m’ont beaucoup aidé à m’affirmer, à m’accepter et à finalement me diriger vers moi. […] À ne plus avoir peur d’être moi-même et à comprendre notamment qu’être masculine pour une fille, ce n’est pas moins bien qu’être féminine, mais juste différent et très cool. »

Océan a compris qu’il ne pouvait plus vivre dans ce corps qu’il ne lui convenait pas, il y a de ça deux ans. « J’ai compris que tout ce que je vivais, c’était tout simplement de la transphobie intériorisée, phobie au sens de la peur irrationnelle envers moi-même ». Il a senti le besoin d’avancer. « J’ai donc pris la décision de changer de genre, de m’affirmer tel que je suis, un homme trans », affirme avec assurance le réalisateur français.

 

 

Une carrière bien remplie

Né le 19 mars 1977 à Paris, a d’abord eu une carrière avant sa transition sous des identités féminines : il a sorti trois albums musicaux entre 2005 et 2009 sous le nom de scène Oshen, et il a été connu sous le nom d’Océane-Rose-Marie (également écrit Océanerosemarie) pour ses autres activités artistiques au théâtre et au cinéma ainsi que pour ses chroniques à la radio et sur Internet.

Après avoir ouvertement revendiqué être une artiste lesbienne, notamment dans sa pièce de théâtre La Lesbienne invisible, il annonce en 2018 être un homme trans en cours de transition, et il prend alors le prénom d’Océan.

Mais détaillons un peu plus le parcours professionnel de cet homme trans issu de la gauche caviar, avec une mère prof à Science Po et un père séminariste. Durant son adolescence, la fréquentation du conservatoire lui permet de pratiquer une multitude d’activités artistiques : théâtre, chant, piano, guitare ou encore violon. En 1998, des études à la Sorbonne lui valent une licence de lettres modernes, avant une installation à Marseille. En 2005, sa carrière démarre. 

 

Des débuts musicaux

Eh oui, car en 2005, notre artiste aux mille talents signe un contrat avec une maison de disques et en sortira 2 albums : Don Juan puis, et deux ans plus tard, Je ne suis pas celle. Des noms déjà évocateurs, soulignant sa recherche d’identité. En 2008, à Paris, « La lesbienne invisible » est son premier one-woman-show, une pièce racontant le parcours d’une jeune fille dont personne ne veut croire en son homosexualité. Un titre de spectacle qu’il a du défendre.

« Quand j’ai écrit mon spectacle, plusieurs producteurs m’ont dissuadée de mettre le mot lesbienne dans le titre. En fait, ça a attiré du public parce que, justement, personne n’ose en parler. J’ai eu des salles pleines pendant plus de quatre ans. Je pense que j’ai été médiatisée parce que j’ai un personnage doux, souriant, en creux. Je n’aurais pas eu la même presse si j’avais eu de la moustache et les cheveux courts. Ça révèle une ambivalence. On est prêt à donner la parole aux lesbiennes, mais il faut qu’elles soient dans une norme hétéro ».

 Puis en 2011, Océan sort le troisième album d’Oshen, autoproduit et intitulé La Pudeur. 

En 2013, Océane-Rose-Marie publie deux ouvrages : Ma cuisine lesbienne aux éditions Des ailes sur un tracteur et Le Guide pratique du mariage homo aux éditions de La Martinière. La même année, une bande dessinée intitulée La Lesbienne invisible, directement inspirée de son premier spectacle et illustrée par Sandrine Revel, paraît aux éditions Delcourt.

 

Océan devient un personnage publique grâce à la radio

À partir de 2013, toujours connu sous le nom de Océane-Rose-Marie, l’artiste tient des chroniques humoristiques à la radio dans Faites entrer l’invité sur Europe 1, ainsi que dans On va tous y passer sur France Inter.

En parallèle, Océane-Rose-Marie met en scène le spectacle de Sophie-Marie Larrouy intitulé Sapin le jour, Ogre la nuit. Puis, en 2015, crée Chatons Violents, spectacle qui dénonce principalement le racisme de gauche. Ceci en s’attaquant notamment à ceux qui sont baptisés les « BBB », c’est-à-dire les « bons blancs bobos ». Plus largement, le spectacle propose une réflexion sur notre propre violence et sur l’acceptation de l’autre.

En 2016, il tient d’autres chroniques sur le site d’Arrêt sur images.

En 2017 sort le film Embrasse-moi !, à propos d’amours lesbiennes, dont il co-signe le scénario et la réalisation avec Cyprien Vial (précédemment auteur de Bébé tigre). C’est ainsi son premier long métrage, où Océane-Rose-Marie y interprète une ostéopathe lesbienne qui tombe amoureuse d’une jeune femme sans savoir si cela peut être réciproque.

Enfin, en 2018, il obtient officiellement le droit d’être renommé Océan Michel sur son état civil.

En 2019, il sort cette fameuse web-série documentaire diffusée sur Francetv Slash : simplement intitulée Océan, cette série suit sa transition. Ce documentaire autobiographique sort également au cinéma en novembre.

 

 

Voilà pour les grandes lignes, car on ne listera pas toute sa filmographie et ses réalisations, elles sont trop nombreuses. En tout cas, Océan poursuit sa carrière sans accro pour le moment. Il se focalise sur les milliers de messages d’amour et de soutien qu’il reçoit, laissant de côté les autres. Notre humoriste trans évolue dans le milieu des artistes, qui ne peuvent que le comprendre, comme Inès Rau. Et son public lui reste fidèle. On peut dire qu’il a assuré pour son coming out trans ! Bravo à lui. Et si vous le désirez, vous pouvez continuer de suivre sa transition sur Instagram.

 

 

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