C’est en révélant les raisons de sa retraite anticipée que l’ex-ailière gauche Loui Sand qui évoluait en équipe de France a fait parler d’elle pour autre chose que ses talents sportifs, début janvier. Vivre Trans vous en dit plus.
Si vous avez suivi sa carrière, vous aurez remarqué que Louise Sand se faisait appelé depuis quelques temps Loui, un indice qui a pu mettre la puce à l’oreille des plus avertis.
Son dernier match avant une nouvelle vie
Le 14 décembre 2018, lors du match contre la Norvège à Paris, Loui Sand a dit au revoir à son équipe et au maillot jaune et bleu qu’elle a porté pendant des années dans l’équipe féminine de son club Fleury Loiret. Son départ, « pour des raisons personnelles » a été bien reçu par ses proches et ses partenaires, qui soutiennent sa décision à 100%. Dans un communiqué officiel succinct, Loui Sand, 26 ans, affirme vouloir « prendre soin» de sa personne et se « concentrer sur une nouvelle vie».
Ces raisons furent cependant vite dévoilées, puisque l’ex-championne de Suède (dans le clib de SÄvehof), championne du monde junior en 2012 et médaillée de bronze aux championnats d’Europe en 2014, les explique dans un podcast de 7mn :
« Je vais très mal depuis quelque temps et j’ai toujours su pourquoi : je suis née dans le mauvais corps !»
Une décision honnête et courageuse qu’elle a décidé de partager avec tous. Bien qu’elle souhaite désormais être appelée Loui, elle est encore désignée au féminin. Cependant, elle annonce aussi avoir entrepris des démarches pour aire reconnaître une dysphorie de genre, un diagnostic établissant l’inadéquation entre le sexe assigné à la naissance et l’identité de genre, nécessaire pour obtenir un changement juridique de sexe.
Une décision soutenue et encouragée fortement sur Instagram
Aurait-elle pu croire que les raisons de son départ auraient été autant soutenues par le public ? C’est pourtant le cas. Bien que les média suédois se soient empressés de relayer l’info, il n’en reste pas moins que Loui a reçu de nombreux messages de soutien et d’amour sur Instagram. Si elle a reçu avec plaisir ces derniers, l’attitude des média ne l’étonne guère :
« Si une inconnue de 26 ans s’était mise dans la file d’attente pour [faire reconnaître à l’hôpital] une dysphorie de genre, la plupart des gens ne l’auraient probablement pas remarquée. Mais je n’y parviendrai jamais, peu importe à quel point j’essaie. C’est pourquoi je choisis d’en parler à ma manière, avec mes propres mots», observe Loui Sand.
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Les réseaux sociaux s’enflamment
Et Instagram n’est pas le seul réseau social qui s’emballe à l’annonce de ce changement. Sur Twitter, la ministre des affaires sociales et des sports, Annika Strandhäll, a salué le « courage » et l’« importance » de ce coming out. Idem chez ses confrères sportifs et les journalistes sportifs qui la soutiennent et lui rendent hommage :
« Je trouve que c’est un très bel exemple et un bon symbole », déclare ainsi l’entraîneur de l’équipe suédoise de handball féminin, Henrik Signell, au quotidien Göteborg Posten. Il rappelle que Loui Sand n’a jamais hésité à parler de son homosexualité ou défendre « l’égale valeur de chacun».
Lycka till med allt som ligger framför dig. Modigt och betydelsefullt att du är så öppen. Loui Sand avslutar sin karriär: ”Jag är född i fel kropp” https://t.co/MsXhMhMEG1
— Annika Strandhäll (@strandhall) 7 janvier 2019
Des questions sur son « moi » profond…
Née au Sri Lanka, adoptée par un couple de Suédois, Loui a grandi près de Göteborg et vit actuellement en couple avec l’internationale de football Emma Berglund, défenseure au PSG. Dans son podcast, Loui Sand s’interroge : « Pourquoi je suis ainsi ? Adoptée, de peau noire, lesbienne, et désormais trans ?»
Soulagée de pouvoir « dire la vérité »
Cacher les choses n’est pas évident et Loui le sait que trop bien. C’est pourquoi elle a décidé aujourd’hui de parler, quitte à affronter la haine et les moqueries. Elle ne veut plus avoir à mentir, une attitude endurée depuis trop longtemps. Jamais à l’aise avec son prénom. Toujours habillée « en vêtements de mec» et « coiffée comme un garçon ». « Les gens m’ont aimée et acceptée comme j’étais. Mais je ne veux plus porter la haine de moi-même à cause du malaise que je ressens à propos et à l’intérieur de mon corps.»
Responsable de la formation à l’égalité et l’inclusion auprès de la Fédération suédoise des sports, Sofia B. Karlsson souligne que « dans un monde parfait, nous n’aurions même pas eu besoin d’en parler. Mais quand la société est comme elle est, chaque témoignage est important.» Mais ce n’est pas encore le cas aujourd’hui.
C’est peut-être le geste similaire de son homologue Leon Reuterström, 21 ans, qui évoluait comme gardienne de l’équipe de hockey de Leksand, vivant alors sous un genre féminin répondant au prénom de Denise, et qui a mis fin à sa carrière pour les mêmes raisons, qui l’a motivé a sauté le pas et se dévoiler au grand jour ?!
Elle profite d’une évolution de la loi
La loi a changé récemment en Suède. Jusqu’en 2012, les personnes transgenres souhaitant changer de sexe à l’état civil devaient subir une stérilisation forcée. Oui oui vous lisez bien. En 2013, lorsque cette dernière fut abolie, les demandes ont été multipliées par sept (soit environ 450 en 2018). C’est pourquoi aujourd’hui, Loui Sand peut enfin réaliser ses objectifs. Dans une interview à la chaîne SVT, Loui Sand confie qu’elle suivra un traitement hormonal une fois la dysphorie de genre reconnue. Mais elle ne souhaite pas révéler pour le moment si elle envisage une opération.
Sur sa page Facebook, l’équipe de Suède de handball salue « l’énorme courage» de Loui Sand. Et lui souhaite « bonne chance pour son prochain match, bien plus important que n’importe lequel joué sur un terrain de handball». Concluant : « Pour nous, tu seras toujours Loui. Le roi Loui.». Un bel esprit d’équipe que nous saluons nous aussi !
intéressant, mais quand on est une célébrité, du cinéma ou du sport, le coming out sera toujours plus facile que pour les anonymes… les fans sont toujours là et vous soutiennent.
C’est vrai, tout le monde n’est pas sur un pied d’égalité là aussi…