La place de la psychiatrie dans les parcours de transition

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L’intervention de la psychiatrie dans le parcours de transition est une problématique contre laquelle luttent les associations LGBTQ. Quelle doit être la place de la psychiatrie dans la transition pour accompagner au mieux les personnes transgenres ?

Depuis le mois dernier, l’OMS a retiré la transidentité de la liste des maladies mentales pour la classer dans la section de la santé sexuelle. Une avancée majeure, applaudie par la majorité des associations LGBTQ mais qui doit être confirmée par d’autres actes. Car si elle ne relève plus de la psychiatrie, la place de ces spécialistes reste prépondérante dans le parcours de transition. Or, pour Jules, coprésident de l’association OUTrans, les examens psychiatriques doivent laisser la place à un processus “d’auto-détermination”. Les personnes elles-mêmes sont les mieux placées que quiconque pour déterminer leur genre. Cette revendication est d’ailleurs très présente dans de nombreuses manifestations. Comme lors de la Manifestation de soutien aux droits des personnes transsexuelles et transgenres, le 11 octobre 2008 à Paris.

Lorsque qu’une personne souhaite se lancer dans un parcours de transision, il y a 2 possibilités. Soit s’adresser à des médecins libéraux (auquel cas un examen psychiatrique ne sera pas forcément demandé). Soit aller voir du côté du milieu hospitalier qui démarrera systématiquement par une visite psy avant de démarrer une thérapie hormonale.

Lorsque l’on se tourne vers l’hopital, ce sont les membres de la la Société française d’études et de prise en charge de la transidentité, (SoFECT) qui vus reçoivent. Or ce groupement de professionnels est très décrié par les associations.

 

Un passage obligatoire

Le but de l’examen psychiatrique demandé avant de démarrer tout processus de transition est d’établir l’existence d’une “dysphorie de genre”. Il s’agit en fait de prouver qu’il existe une réelle détresse psychique ressentie par la personne. Dont la cause est la différence entre le genre d’identification et son genre d’assignation à la naissance. C’est ensuite une commission pluridisciplinaire qui va évaluer le dossier de la personne. Cette commission est composée d’un psychiatre, d’un endocrinologue, ou encore d’un chirurgien. Elle va ouvrir la voie au démarrage de la thérapie hormonale.

Toute cette procédure très codifiée génère beaucoup d’angoisse pour les personnes qui doivent s’y soumettre. Le passage devant un psychiatre relève du diagnostic de pathologie. Or la transidentité n’est pas une maladie. Et le passage en commission peut provoquer une fragilisation de la personne. Sans compter que ce n’est que le début d’un long parcours de justification de son identité.

De fait, certaines associations estiment que la psychiatrisation (et le fait que la transidentité soit traité par un psy) demeure la première barrière au processus de transition, la qualifiant même de « violence ».  D’autre part l’appropriation de la transidentité par le milieu hospitalier est difficile à accepter. D’autant plus que les médecins se sont auto-proclamés « spécialistes » de la question. Et dictent leurs règles avec leur point de vue de médecin. Ainsi, on demande parfois  des certificats psychiatriques difficiles à obtenir. Ce qui allonge encore le délai de prise en charge. Et ajoute potentiellement une barrière qui pourrait faire reculer certaines personnes.

 

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Un sujet qui fait débat

Face à ces attaques, la SoFECT s’organise pour tenter de prouver sa légitimité et sa bienveillance. Le Dr Sébastien Machefaux, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne à Paris affirme que la communauté scientifique spécialisée “s’accorde bien heureusement pour affirmer” que la “variance de genre” n’est pas une pathologie. Il estime également que le terme de psychiatrisation est exagéré. Il affirme se conformer aux recommandations internationales qui encouragent l’interdisciplinarité. Cette dernière mettant au même niveau psychiatres, endocrinologues et chirurgiens.

Du côté de ses sympathisants, la présence de psychiatres dans le parcours de transistion s’impose. Outre le diagnostic différentiel permettant de confirmer la dysphorie de genre demandé avant le début de traitement, les psys pourront également dépister d’éventuels facteurs de fragilités associés (tels que l’anxiété ou la dépression). Et permettre leur prise en charge.

D’autres enfin comme le Dr Hervé Hubert, psychiatre, chef de service à la fondation L’Elan Retrouvé, estiment que “la psychiatrie ne doit pas être un principe absolu au début d’une transition”. S’il considère l’intervention d’un psychiatre “légitime avant une chirurgie de réassignation sexuelle”, le début du processus de transition doit surtout se faire avec un “médecin qui s’y connaît qui a de l’expérience, un savoir partagé”. On peut également déplorer l’absence d’enseignement de la transidentité au sein des facultés de médecine.

Ainsi le premier pas serait peut-être déjà de proposer une réelle formation des professionnels de santé à cette thématique de la transidentité.

 

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