Ex-mannequin, ayant subi une opération de réassignation sexuelle, Marvia Malik est devenue la toute première présentatrice TV transgenre du Pakistan.
Si ce pays musulman conservateur d’Asie du Sud a été l’un des premiers à reconnaître l’existence d’un “troisième sexe” ou “khawajasiras”, en 2009 (celui-ci regroupe à la fois les femmes transgenres, les travestis et les eunuques ou hommes castrés), cette reconnaissance juridique s’accompagne encore d’une importante marginalisation des personnes concernées.
En mai 2018, le Parlement pakistanais a néanmoins adopté une nouvelle loi qualifiée d’ “historique” par les activistes, qui permet aux personnes trans de décider de leur identité de genre et de la mentionner sur leurs papiers d’identité, permis de conduire et passeport inclus. Une chance pour Marvia Malik et un progrès pour le pays.
Marvia Malik, d’ex-mannequin à présentatrice TV
Début 2018, le Pakistan voit apparaître à l’écran pour la première fois de son histoire, une présentatrice transgenre. Autant parler de révolution dans ce pays conservateur. Représentant une communauté ultra marginalisée, elle est porteuse d’espoir pour opérer un changement d’esprit auprès des populations, soutenue par cette évolution juridique.
Mais dans un pays encore très conservateur, il s’agit ici d’un grand pas. “C’est une mesure positive prise par la chaîne de télévision Kohenoor d’embaucher une personne transgenre. Je prie Dieu qu’ils puissent continuer à travailler comme ça et être autorisés à le faire”, estime un citoyen pakistanais.
Lors de sa première apparition, la jeune femme était lourdement maquillée mais semblait totalement à l’aise à l’écran, ayant étudié le journalisme à l’université. Des premiers pas concluants tant pour Marvia Malik que pour l’équipe qui l’entoure. En effet, la belle brune aux cheveux longs a “reçu de l’amour et du soutien comme jamais auparavant”, se félicite Marvia Malik, souriante, lors d’un entretien avec l’AFP. Un soutien qu’elle n’a jamais reçu de sa famille puisque notre présentatrice transgenre avoue que cette dernière ne l’a jamais acceptée ni reconnue.
Un entretien d’embauche surprenant
Si la surprise était à l’écran pour les téléspectateurs, elle l’était aussi du côté de ses recruteurs. Marvia Malik a su les surprendre pour faire tilt et les convaincre de l’embaucher. Il faut savoir que les personnes transgenres gagnent souvent leur vie au Pakistan en dansant à des mariages ou des fêtes, ou de manière plus clandestine. Une “fatalité” à laquelle l’ex-mannequin veut échapper.
Pour cela, elle leur demande à l’entretien : ‘Voudriez-vous me voir comme une mendiante, une travailleuse du sexe ou une danseuse, ou bien me donneriez-vous un travail respectable sur votre chaîne?'”, a-t-elle raconté à l’AFP.
“Sa question nous a laissés sans voix”, ce qui a poussé Kohenoor à “établir une politique d’accueil et d’acceptation de tous sans discrimination”, poursuivi le directeur de la chaine, ajoutant “ne pas se préoccuper pour l’audience”.
Un culot qui a payé pour Marvia Malik, âgée de 21 ans (âge qu’elle a refusé de confirmer). Et c’est peut-être une première porte pour la suite, car la jeune femme a de grandes ambitions : avec un stabilité financière, elle aimerait créer une ONG oeuvrant contre la discrimination de genre et n’exclut pas de fonder sa propre chaîne de télévision.
Les “khawajasiras”, le 3ème sexe au Pakistan
Marvia Malik fait partie de la communauté des Khawajasiras, un terme désignant un troisième sexe qui regroupe tant les femmes transgenres que les travestis et les eunuques, se bat depuis longtemps pour leurs droits au Pakistan, avec certains résultats. Pour le gouvernement pakistanais, les personnes transgenres seraient 10 000 mais selon d’autres estimations, ce serait plutôt entre 80 000 et 500 000. Il s’agit d’une communauté ancestrale et ils servaient en gardant les harems sous l’empire moghol.
2009 a été une année “faste” pour cette communauté au Pakistan, qui fut le 3ème pays au monde à reconnaître l’existence d’un 3ème sexe. En 2008, ils imprimèrent même le premier passeport du pays qui faisait état d’un genre “X”. Depuis, on a pu voir une trentaine de permis de conduire délivrés à des femmes transgenres.
Il faut comprendre que la vie des khawajasiras n’est pas simple là-bas. Comme trop souvent, ces personnes sont considérées comme marginales et destinées à vivre de la mendicité ou de la prostitution. Certaines vivent aussi en dansant dans les mariages ou lors de fêtes. On y retrouve aussi les problèmes d’extorsion, de discrimination et de meurtres qui frappent souvent cette communauté, quel que soit le pays.
Beaucoup espèrent que l’évolution de Marvia Malik est un premier pas pour faire évoluer leurs conditions et les mentalités, même si elle explique devoir faire face, malgré tout, à “des défis quotidiens”. “Il y a un manque d’acceptation au sein de ma famille et aussi un manque d’acceptation dans la société”, regrette la jeune femme.
Je ne sais pas qui a écrit cet article, mais il y a plusieurs fois la même faute de mégenre: ‘a-t-il’ dans celui-ci!!