Alexia Cérénys : le difficile parcours de la première joueuse de rugby transgenre

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Alexia Cérénys porte le numéro 8 de l’équipe d’Elite 1 du rugby club de Lons, en Béarn. C’est la première femme transgenre à évoluer à ce niveau dans le rugby. Mais tout n’a pas été si facile pour elle qui a du affronter la transphobie bien qu’elle soit soutenue par la fédération française de Rugby.

 

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Une enfance dans le sport

Après avoir évolué pendant 8 ans au sien d’un club de football, c’est à 14 ans qu’elle se tourne vers le rugby , convaincue par ses copains du collège. Elle est d’ailleurs très vite séduite par l’état d’esprit de ce sport, bien moins individualiste que celui du milieu du foot. Malgré son ascension, elle va très vite connaître plusieurs épisodes de blessures qui vont la freiner. Son bac en poche, Alexia Cérénys rejoint le CAP de Périgueux où elle suit des études. Après celles-ci, de retour à Mont de Marsan, elle intègre les Espoirs avant de se blesser à nouveau gravement au genou et à la cheville.

Après une longue rééducation et alors qu’elle s’apprête à poursuivre une seconde année auprès des Espoirs, elle se blesse à nouveau à la cheville. Elle a alors 22 ans et décide de mettre un terme à sa carrière dans le rugby. C’est également à cette période qu’elle se questionne sur son identité de genre. 

 

La transition d’Alexia Cérénys

Malgré l’arrêt de la compétition, elle poursuit une activité sportive qui lui permettra de se remettre de ses blessures. Ceci lui donnera envie de signer à Villeneuve de Marsan avant de connaître une nouvelle blessure après 2 matchs. A la même époque, elle traine aussi quelques ennuis musculaires et vit une rupture amoureuse qui vont la mener à une introspection.

« Je ne savais pas vraiment qui j’étais. Une question qui me taraudait depuis l’âge de six ans. Je n’arrivais pas à mettre des mots sur ce qui se passait dans ma vie ».

La période qui suit sera marquée par la recherche de son identité et la crainte des réactions de sa famille et de ses proches.

Mais elle prépare son coming out et commence à informer certains membres de sa famille qu’elle est une femme trans. C’est en janvier 2011 qu’elle se livrera à sa famille en disant :

« Dans ma tête, je suis une fille ! ».

Après avoir essuyé des réactions plutôt vives, elle est surprise par son père venu lui parler chez elle alors qu’elle revendiquait une expression de genre féminin. Pour son père ç’en est trop et il lui lance :

« On va aller voir un psy, on va te soigner et arranger ça ».

Heureusement pour elle, le psychologue saura rassurer ses parents sur le fait que ce n’est pas du tout une maladie, et ils finiront par soutenir leur fille et l’accompagner dans sa démarche.

Cette période d’acceptation est un grand soulagement pour la joueuse de rugby même si tout n’a pas été simple pour elle.

« J’étais dans un entre-deux souvent difficile à gérer. La journée, en public, je m’habillais en garçon. Le soir, en privé, je vivais ma vie de femme ».

Alexia Cérénys débute alors sa transition et prendra le temps de faire les choses à son rythme, choisissant les étapes qu’elle souhaite franchir. Au bout de 3 ans c’est finalement une chirurgie de réassignation de genre qui va achever de lui redonner confiance en elle. S’en suivra une demande de changement d’identité qui prendra tout de même 18 mois. 

 

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Retour au Rugby

C’est seulement après l’obtention de cette nouvelle carte d’identité qu’elle va recommencer à s’intéresser au rugby qu’elle avait délaissé pendant toute sa transition. Elle signe donc avec les Féminines du Stade Montois en Fédérale 2 en mars 2016. Elle démarrera la compétition le mois de septembre suivant. Pour sa présentation à ses coéquipières, elle décide de jouer la transparence.

« Je voulais leur faire part de mon passé. J’ai choisi de le faire lors du weekend de cohésion. Julie Lafargue m’a alors expliqué que les filles n’attendaient que ça, qu’elles me connaissaient de mes années avec les Crabos … Et qu’elles me soutiendraient quoi qu’il arrive ».

Mais tout ne sera pas facile pour autant. Elle a perdu en niveau avec ses 2 ans d’arrêt du sport et parfois les tribunes s’animent d’insultes à son intention, tout comme pour d’autres sportives transgenres même si, prise dans le jeu, elle ne le remarque pas forcément. A la fin de sa saison elle est contactée par plusieurs équipes. Elle rejoindra finalement Lons, qui vient d’être promue en Elite 1.

« A 33 ans, j’étais propulsée en Top 16, niveau auquel je ne pensais pas évoluer un jour ».

Là encore, son intégration se fera dans la plus grande bienveillance. Et ses débuts au sien de l’équipe sont très encourageants. 

 

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