Binaire, non binaire, un billet qui ne parle pas d’informatique !

Ah, le parapluie de la transidentité, ce large spectre couvrant toutes les différentes manières dont on peut exprimer son identité de genre. Car sous ce parapluie, nous faisons fi de la simple représentation genrée binaire communément admise.

Mais c’est une notion qui reste globalement assez abstraite pour les néophytes, car très peu mise en avant dans notre société, mis à part dans les cercles concernés.

Avant de commencer, il est important de mettre certaines choses au clair. Cet article à pour but d’éclaircir certains termes, ainsi que l’idéologie qui va avec. Je ne prétends absolument pas posséder l’ultime vérité ou l’ultime définition des termes que je vais aborder. Sans avoir la science infuse, j’espère que mon expérience de personne non-binaire, ainsi que  mes quelques années passées dans les milieux militants suffiront à justifier mes connaissances sur le sujet.

 

 

Mais assez parlé de moi, ce n’est pas le but. Cet article est l’occasion de présenter et de vulgariser certaines notions encore trop peu connues du grand public. Il me semble assez important de partager ces informations, ne serait-ce qu’en pensant que quelque part, certain.e.s pourront s’y reconnaître et découvrir que ce qui leur semblait être une déviance n’est que l’expression d’une identité qui leur est propre. Et il faut bien commencer quelque part, alors commençons par expliquer ces deux étranges termes, binaire et non-binaire.

 

1 + 1 et c’est tout !

Tout d’abord, ce que tout le monde connaît : la binarité. Nos amis de l’informatique nous dirons que c’est un système de numérotation à deux éléments, souvent zéro et un. En partie : binaire, c’est ce qui est composé de deux entités, deux éléments. Pour le genre, c’est à peu près la même chose : être binaire, c’est reconnaître deux genres : le féminin et le masculin.

Mais en plus de reconnaître l’existence de deux genres, être binaire, c’est un prisme de pensée qui s’adopte dans le quotidien : administrativement, au niveau marketing, religieux… La société occidentale dans laquelle nous vivons est pensée de manière binaire, masculin et féminin. En effet, c’est une société où un troisième genre n’existe pas. Où l’absence de genre n’existe pas non plus. Ces deux genres dominent et forgent la société en deux entités distinctes : les hommes et les femmes.

 

 

Le schéma binaire reste ancré sur le modèle biologique majoritaire : on a soit deux chromosomes X, soit des chromosomes X et Y. J’insiste bien sur “majoritaire”, car ne sont pas incluses les personnes hermaphrodites ou intersexué.e.s. La notion de genre est d’ailleurs admise par l’Organisme Mondial de la Santé (OMS) comme la résultante d’une construction sociale. On retrouve en effet dans la culture de certains pays une déconstruction de ce schéma de genre, comme dans la société des native americans, qui reconnaissaient de 3 à 5 genres. On peut retrouver d’ailleurs plusieurs alternatives à la binarité sur tous les continents du monde, en Asie, au Moyen-Orient, en Amérique ou en Afrique.

 

Sexuellement aussi ?

Nous parlons jusqu’à présent d’identité de  genre, mais il en va de même pour la sexualité, ou l’orientation sexuelle si vous préférez. Que ce soit le cas d’une personne attirée sexuellement par une autre personne du même sexe ou du sexe opposé, nous restons dans un schéma binaire, un schéma où deux sexes, deux genres existent. Aussi, les orientation sexuelles majoritairement connues et reconnues restent dans ce fameux schéma binaire.

Même parmi la communauté LGBT+, on a tendance à utiliser les termes binaires et non binaire de manière… Disons aléatoire.

 

 

Pour comprendre, voici quelques exemples :

• Un homme homosexuel et se considérant comme homme attiré par les homme n’est pas non-binaire.
• Une femme trans, non-cis, attirée par les hommes n’est pas non-binaire.

Être attiré sexuellement par une personnes de sexe opposé reste dans le schéma binaire, quelque soit notre genre, s’il est féminin ou masculin.

 

Non-binarité

Alors, rentrons dans le vif du sujet, c’est quoi la non-binarité ? Eh bien, logiquement, c’est tout le reste. C’est sortir du schéma de pensée homme/femme. Ce terme parapluie prend en compte nombre de genres peu ou pas reconnus.

On peut être par exemple bigenre, c’est à dire se sentir à la fois homme et femme. Je vous vois venir, mais non, nous ne sommes pas dans un schéma binaire. Car ce genre ne sépare pas le genre féminin et masculin en deux entités distinctes : une personne bigenre est à la fois homme et femme.

Et nombreux genre existent, il suffit de se renseigner un peu ! Pour en citer quelques uns :

• Intergenre : posséder une identité à mi-chemin entre le masculin et le féminin.
• Gender-fluid : se sentir plus d’un genre ou d’un autre en fonction du temps qui passe ou de la situation.
• Agenre : une personne qui estime ne se retrouver dans aucun genre, qui s’identifie comme n’ayant aucun genre.
• Neutrois : avoir un genre neutre, indépendant du masculin ou du féminin.

 

 

Ce ne sont que quelques exemple existant sous le parapluie des différents genres. Certains (beaucoup) trouvent que cette multiplication de termes est “peu accessible”, “confuse”, ou associée à de la “masturbation intellectuelle”. Les personnes concernées se sont battu.e.s pour avoir leur identité reconnue. Effectivement, il en existe un bon nombre, mais n’est-ce pas justement un immense avantage ?

 

Quand est-il du futur ?

La non-binarité est une manière de renouveller la vision du monde qui nous est imposée depuis des années, autant au niveau économique que politique et social. Nous ne sommes pas que des cibles marketing, des voix électorales. Au XXIème siècle, le droit des personnes transgenres et transsexuel.les commence à être reconnu, permettant à des milliers de personnes de s’émanciper de ce prisme binaire imposé depuis des années. Renseignez-vous, qui sait, vous aussi, vous vous y retrouverez peut-être !