Interview : rencontre avec Pablo, en pleine transition

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Sur VT, nous parlons souvent de célébrités. Mais il est bon de donner aussi la voix à des personnes qui ne le sont pas et qui ont le droit aussi de se faire entendre ou de parler de leur parcours. Comme Pablo. Découvrez le. 

 

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Bonjour Pablo, ravie de t’accueillir sur Vivre Trans. Tu es un ami de Maxence, qui nous a malheureusement quitté il y a quelques temps. Tu es toi aussi en transition et j’aimerais qu’on te découvre un peu plus. Nous parlons souvent des célébrités mais c’est super de pouvoir échanger avec une personne plus accessible. Je pense que cela aidera d’autres jeunes dans ta situation. On commence ? 

  • C’est parti !

 

Pablo, peux tu te présenter et nous parler un peu de toi, qui tu es, de ce que tu aimes, … ?

  • Alors, comme tu l’as dit je m’appelle Pablo. J’habite sur Paris pour mes études d’histoire mais en temps normal je suis en Bretagne, à Vannes. J’ai 19 ans, j’ai entamé ma transition depuis bientôt 1 an et là je commence les procédures pour mon opération du torse (mammectomie). Je suis aussi passionné par la politique et l’actualité. 

 

Quelles ont été tes blessures les plus profondes ou marquantes ? (souvenirs, paroles, etc..)

  • Je dirais que la mort de Maxence reste encore une de mes grandes blessures mais j’apprends à ne garder que des bonnes choses de Maxence et de ce qu’il m’a apporté, notamment la découverte de la transidentité. Je sais que sans lui, je n’aurais sûrement pas eu le courage de me lancer. 

 

Quelles sont les choses qui font tes petits bonheurs et tes joies ? (Situations, remarques, etc…)

  • Au début de ma transition, beaucoup de choses me rendaient heureux. Dès que l’on me considérait comme un homme, j’étais heureux parce qu’au départ c’était rare et que ça me permettait de voir que j’évoluais. Maintenant, je m’y suis habitué parce qu’on me genre quotidiennement correctement. Après, j’ai pris une habitude qui me fait beaucoup sourire. Tous les matins, j’ai pris l’habitude de regarder ma barbe devant la glace et de l’examiner parce que je l’attends depuis très longtemps. 

 

As tu le soutien de ta famille dans ton parcours ? 

  • Oui, surtout le soutien de ma mère qui a été la première à le savoir dans ma famille. On est très proche donc c’était très naturel qu’elle soit la première au courant. Honnêtement, je sais qu’elle me soutient beaucoup et ça me fait du bien. Sans elle et son soutien, je ne sais pas si j’aurais tenu. Pour le reste de ma famille, je suis quand même bien soutenu, je ne pensais pas l’être autant. Je doutais même qu’une partie de ma famille m’accepte mais finalement je pense que l’amour dépasse tout et pousse à comprendre enfin a surtout à accepter. Avoir ce soutien me fait beaucoup de bien, la transition c’est souvent une période difficile. C’est un combat de tous les jours et savoir que l’on ait soutenu par notre famille, c’est le plus beau cadeau. 

 

Pablo, tu es en pleine transition, peux nous tu expliquer un peu le parcours que tu suis ou as suivi ? 

  • Durant l’été 2019, je commençais à douter de mon genre. J’avais un malaise intérieur que je ne savais pas expliquer et en parallèle pensais beaucoup à Maxence et me disais que je voulais être comme lui (un homme). C’était une période assez dure, j’allais très mal psychologiquement parce que je savais que je ne pouvais pas rester comme ça, je n’étais pas bien dans mon corps. 
  • Puis rentrée 2020, j’ai eu envie d’aller mieux, d’en discuter même si je suis terrifié. On est en cours de philosophie, je suis entouré de tous mes copains et je me lance en expliquant que je voudrais être genré par eux au masculin pour tester, pour voir si ça me convient, si je me sens à l’aise.
  • C’est l’épanouissement dès le moment où ils prennent l’habitude de le faire, je me sens bien avec moi-même et avec eux. On discute ensemble d’un prénom que je pourrais choisir, ils sont patients et attentifs.
  • Les mois avancent et je sens que je suis dans la bonne direction, même s’il y a des moments de profond mal-être car je ne suis pas dans le bon corps.
  • En octobre, je décide de me couper les cheveux. Moi qui avait pourtant eu les cheveux long pendant longtemps… Ma mère n’est pas trop pour mais elle accepte.

Les mois passent et arrive le covid, c’est le moment clé.

  • Je me retrouve avec moi-même, enfermé chez moi, je n’ai plus le regard de la société sur moi. Enfin, je peux réfléchir, je peux me laisser aller.
  • Je coupe mes cheveux encore plus court que les fois précédentes. Mon père est hospitalisé et j’en profite pour me laisser pousser les poils de jambes. C’est masculin et ça me plaît.
  • Je dissimule ma poitrine le plus possible, je m’informe et organise toute ma transition sur ce que je compte faire secrètement. Mon père est de retour à la maison, il me fait quelques réflexions sur mes jambes, je sens la pression sur moi. Mes parents savent qu’ils se passent quelque chose.
  • Août 2020, ma mère vient dans ma chambre le soir pour discuter. Elle a compris, je n’ai pas eu besoin de lui dire. Elle pleure, elle pense que c’est de sa faute, qu’elle aurait dû faire un garçon, elle a peur que je veuille faire comme Maxence. Je la rassure et elle me soutient.

 

Et question « médical », peux tu expliquer quelles sont les démarches que tu as suivi pour les autres qui voudraient entamer ce processus ? Quelles opérations ? Médicaments ? Effets secondaires ? Suivi psy ? etc etc

  • Arrivé sur paris en Septembre 2020, je me renseigne sur tous les sites possibles (comme la BDD Trans), les groupes Facebook (par exemple FtM Francophone), groupe Discord, Twitter. J’apprends qu’un médecin traitant en France accepte de donner de la testostérone après 3 rendez-vous. Je me dis que c’est un coup de chance car normalement on doit passer par différents spécialistes. Ce parcours est long et je ne sais pas si je pourrai tenir psychologiquement pour avoir la testostérone. 
  • Je prends donc rendez-vous avec cette docteure, je réalise une batterie de tests comme elle me l’a demandé. Les résultats sont bons, je la revois, on discute de mon aspect psychologique. Elle me montre tous les effets de la testostérone, les inconvénients, tout ce que je vais ressentir.
  • Dès le 19 novembre je suis sous testostérone j’ai des injections toutes les trois semaines. Je n’ai pas spécialement d’effets secondaires, juste des problèmes pour dormir qui se règlent vite. Été 2021, je commence à prendre un rendez-vous avec des chirurgiens pour mon opération du torse (mammectomie). Je me renseigne sur les nombreux chirurgiens opérant en France. Je trouve une chirurgienne sur Marseille, ces résultats me plaisent et le tarif est raisonnable.

 

En as tu souffert ? Pas que physiquement mais aussi psychologiquement ? 

  • Je pense avoir souffert seulement psychologiquement en attendant la testostérone et en me rendant compte de ma transidentité. Je n’ai pour l’instant pas subi de transphobie. Mais en ce moment c’est plus compliqué car je ne supporte plus ma poitrine. Et j’attends impatiemment mon opération.

 

Quels conseils donnerais-tu pour une personne qui voudrait faire sa transition ? 

  • Je dirais une personne qui veut faire sa transition de bien se renseigner sur tous les sites possibles, sur les réseaux sociaux parce que nous ne pouvons pas donner le nom des praticiens publiquement. On le fait souvent en privé, sur des groupes. C’est pourquoi il est important de se renseigner et de rentrer dans les groupes de personnes trans. Je leur dirais aussi de ne pas hésiter à poser des questions, à chercher des réponses. Mais aussi de parler car la transition est un moment important dans un moment assez dur à vivre c’est pourquoi je conseille aussi de s’entourer de personnes trans qui pourraient nous comprendre.

 

Il me semble que tu as une cagnotte aussi, pour t’aider à couvrir les frais d’opération du torse. Où peut on y contribuer ?

On peut y contribuer ICI.

 

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Merci pour ton partage Pablo, je pense que cela sera précieux pour bon nombre de personnes, quelle que soit leur situation. On te souhaite beaucoup de courage, d’amour et on espère que tout se passera le mieux pour toi 🙂 

 

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