Pour beaucoup, je pense que l’apprentissage sur la transidentité a commencé via la culture populaire. Ce n’est certainement pas le média le plus pédagogue, le plus précis ou le plus complet, mais il a dû pour nombre de personnes être un moyen de découvrir l’existence d’autres sexualités ou d’autres genres. Les personnes trans arrivent petit à petit sur le devant de la scène…
Petite rétrospective non exhaustive du monde télévisuel…
Une présence sur petit écran encore timide
Les plus jeunes penseront à la fabuleuse Laverne Cox dans Orange is the new black, ou de Unique dans Glee. Les moins jeunes penseront à Chouchou, au papa de Chandler Bing dans Friends, ou aux personnages de the L World. Car oui, si on estime en France que c’est à partir de la classe de 5eme qu’il faut commencer à aborder la sexualité (qui n’a pas eu ce fameux cours où l’on t’apprend à mettre un préservatif sur un pénis en plastique ou une banane ?), les sexualités non-binaires et homosexuelles ne sont que très peu ou pas abordées.
Personnellement, comme dit plus haut, j’ai découvert le concept de transexualisme grâce à Friends dans un premier temps. Difficile de donner un avis objectif sur cette découverte, cette série étant aujourd’hui controversée pour ces nombreux messages sexistes, homophobes ou transphobes. Mais je pense qu’il ne faut pas oublier que cette série est le reflet de son temps. Si elle a abordé de nombreux sujets de manière maladroite, elle a tout de même eu le courage à son époque de mettre sur le tapis certains sujets malgré son immense audience, son grand succès, et malgré le puritanisme américain. Effectivement, la relation entre Chandler et son père n’est pas parfaite. Sujet de honte, ressort comique, la série réussira tout de même à créer une relation entre le fils et son père, malgré l’identité de ce dernier, et le caractère trèèèèès fermé de Chandler.
Des stéréotypes souvent exploités pour faire rire
A cette époque et pendant longtemps, les sexualités non-cis, les genres trans ou non-binaires ont été sujet de moquerie. C’était en effet un bon raccourci, pointer la différence d’un personnage secondaire ou d’une attitude “hors norme” pour en faire un ressort comique. Enfin, quand je dis “pendant longtemps”, c’est encore le cas dans de nombreuses séries diffusées de nos jours. Nous pouvons tous citer au moins trois séries où l’attitude genrée d’un personnage va servir de ressort comique. Essayez de penser à toutes les fois où l’on a reproché à un personnage de faire “trop gay”, ou à des situations comiques autour d’un personnage travesti.
Premières apparitions dans les années 90
Pendant ce que j’appellerais la “révolution sexuelle des séries”, durant les année 90, on a vu fleurir nombre de scènes de sexe de plus en plus explicites entre les personnages, notamment transexuelle, ainsi l’intégration de personnages avec une autre orientation sexuelle qu’hétéro, une première petite victoire !
Oui, souvenez vous, Willow dans Buffy interprétée par la sublime Alyson Hannigan, qui faisait avec Tara le premier couple lesbien de l’histoire de la télévision américaine ! Bien sûr, si par nostalgie vous souhaitez découvrir ou regarder à nouveau la série, vous remarqueriez assez vite la timidité du traitement de cette relation du couple par rapport aux couples hétéro. Les personnages dorment ensemble, ne se font jamais de bisous ou de gestes trop affectueux à l’écran. Mais, sans vouloir passer pour une vieille réac’, à l’époque c’était quelque chose de génial, complètement osé pour son temps, surtout pour une série aussi populaire ! L’univers de Buffy à d’ailleurs été avant-gardiste pour le droit des LGBT+ en mettant en scène la première actrice transgenre à jouer un personnage transgenre sur le petit écran dans la série Dark Angel.
On aborde petit à petit la communauté LGBT…
De mon côté, c’est des séries comme Six Feet Under, the L World ou Will and Grace. En effet, ils ont été un véritable tremplin pour découvrir le parapluie de la transidentité. Les personnages de ces séries sont gays, lesbiennes, bi et trans. Si la sexualité et le genre faisaient parti des ressorts narratifs importants de ces séries, on apprenait à connaître, à aimer ces personnages en dehors de ça. Ces séries ont été des tremplins pour d’autres séries diffusées dans les années 2010 intégrants de nouvelles facettes aux personnages LGBT+.
On peut parler de Glee, série porte-parole pour de nombreuses communautés LGBT+, qui a intégré Dot Marie Jones à son casting via le personnage de Shanon devenu Sheldon, puis Unique parmi les personnages principaux. Ou alors[spoiler alerte] Charlotte, dans Pretty Little Liar [fin du spoiler], où une femme trans n’est plus jouée par un homme cis mais par une femme cis (même si, je l’admets, j’aurais préféré que son rôle soit joué par une femme trans).
Grâce à la banalisation de ce type de caractères, nous avons aujourd’hui dans nos séries des personnages lesbiens, bi, gay ou trans qui ne sont plus juste lesbiens, bi, gays ou trans.
La plus célèbre d’entre toutes est…
Je vais parler encore une fois de la merveilleuse Sophia dans Orange is the new Black. On aime cette femme attentionnée, sincère, compétente et engagée. Le personnage trans femme est un des piliers de la série, et probablement le personnage préféré de nombreu.se.s spectateur.trice.s. Ce rôle aura d’ailleurs permis à Laverne Cox d’être acclamée pour son interprétation. Elle est devenue la première femme transsexuelle à faire la couverture du prestigieux Times Magazine.
La communauté trans de plus en plus présente
Enfin, n’oublions pas les soeurs Wachowski et leur chef d’oeuvre visuel et narratif injustement annulé, Sense 8. Dans cette série, on retrouve le personnage de Naomie Marks, jouée par Jaiemie Clayton, une femme trans. Ce qui est appréciable dans ce personnage, c’est qu’il n’est pas défini seulement par son genre ou sa sexualité. C’est une femme vivant une belle histoire d’amour, militante pour ses droits et compétente dans le domaine du hacking. Un personnage complet auquel on croit, et une des meilleure représentante de la transsexualité à la télévision.
Amazon s’est également emparé du phénomène sur sa plateforme de diffusion. Après avoir prouvé sa légitimité en terme de production de séries avec la bombe féministe Handmaid’s tale, acclamée pour son scénario et son esthétique visuelle, le public semble avoir récemment redécouvert Transparent. Diffusé depuis 2014, la série raconte le coming out d’un père de famille à ses enfants. Série à la fois touchante et attendrissante, elle est certainement avec Sense 8 l’une des meilleure représentation de la transidentité des relations non hétérosexuelles sur le petit écran.
Des personnages plus profonds
Les personnes trans ne sont plus un simplement un ressort comique à la télévision. Ce sont des personnages complets, avec leurs problèmes, leurs joies, leurs tristesses, leur vie privée et leur vie professionnelle… D’ailleurs, même TF1 se lance dans l’aventure avec Louise. Oui, vous avez bien lu : TF1 va lancer une série avec un protagoniste transsexuel. Le pitch : un papa emménage à côté de chez son ex-femme pour être plus proche de ses enfants. Sauf qu’il revient sous sa véritable identité : Louise.
Alors, on va être franc, la série n’est pas encore diffusée. Et on ne sait pas trop ce que ça va donner. Le personnage principal est joué par Claire Nebout. Et oui, une femme cis, mais le personnage est au moins joué par une femme et non un homme cis. On craint le manque de bienveillance et l’humour lourd à la française, mais ne soyons pas mauvaise langue. À voir ce que ça donnera…
Je suis très intéressé par les transexuel pour vraiment le faire des rencontres de la plus grande qualité