L’histoire des Drag Queens

histoire-drag-queens-vivre-trans

Dans le milieu trans, les Drag Queens sont controversées. Leur statut est partagé. Certains estiment qu’elles en font parties et d’autres non. Il est temps de découvrir ce qu’est vraiment d’une drag queen et leur histoire. 

 

La Kahena

 

Découvrez davantage le mouvement drag queen, leur histoire, leur évolution en France et aux USA.

 

Qu’est-ce qu’une Drag Queen ? 

Selon la définition la plus basique, c’est une personne masculine qui interprète un personnage féminin avec des traits exagérés. Cela peut arriver que certaines femmes cisgenres (appelées bio queen) ou trans le fassent également, mais le plus souvent, c’est un homme. En effet, les femmes sont mal acceptées dans ce milieu car nombreux sont ceux qui prennent cela comme de la « triche ». Mais pour beaucoup, le drag est avant tout un art et ce qui est important, c’est ce que l’artiste fait ressortir par son jeu et son maquillage. 

 

Quels sont les différents styles de drag ? 

Il existe de nombreux styles différents, que l’on peut tenter de regrouper dans des catégories. On aurait notamment parmi les plus connus : 

  • les fish, qui ressemblent le plus possible à de « vraies » femmes. Il est parfois difficile de faire la différence.
  • Les beauty queens (ou pageant queen) font primer leur beauté physique, celle de leur corps et/ou de leur visage, dans leur pratique du drag.
  • Les Kam queens, qui vont beaucoup plus exagérer leur maquillage, pour donner un côté plus clownesque à leur drag. Elles sont plutôt drôles et aiment clasher les autres. On peut aussi les appeler les comiques. 
  • les bio queen ou faux queens, qui sont les femmes (cisgenres ou trans) qui font du drag. 
  • Le gender fuck, où le drag est plus artistique et orienté sur la création. On mélange les genres avant tout et on atteint parfois limite un peu le genre freak show. 
  • Les club kids qui est un mouvement fin des 80’s début 90’s avec un style décadent et provoquant souvent lié à la drogue.

Voici pour les styles principaux. On retrouve aussi la spooky (à comprendre l’original, la bizarre), la bitchy, la old school, la show girl, … La liste est longue. 

 

Trinity the Tuck - vivre trans
Trinity the Tuck

 

L’origine du mot Drag Queen 

Elle est controversée. Il y aurait plusieurs origines. Pour certains, cela vient de Shakespeare, car de son temps, seuls les hommes pouvaient jouer au théâtre, y compris les rôles féminins. On les appelait Dress As a Girl (DRAG). Pour d’autres, cela vient surtout de l’association des mots Drag (qui signifie trainer ou symbolisait les traines derrière les robes) et Queen (en argot, a un sens péjoratif car il symbolise un homme homosexuel). 

 

Quelle a été l’évolution du milieu drag ? 

Fin 19ème début 20ème, certaines drag queens sont devenues très célèbres, ce qui participa à l’essor du terme autant qu’à celui du mouvement. Pour autant, elles portaient un petit badge sur elles pour signifier qu’elles étaient bien des hommes une fois le maquillage enlevé car il était interdit à l’époque de faire croire qu’on était une femme. 

À la prohibition, le mouvement a pris encore plus d’ampleur aux USA malgré le côté déviant de cet art. Ils se retrouvaient donc alors dans les lieux où on pouvait avoir de l’alcool ou dans les lieux où se regroupaient les personnes gays. En France, à Paris, dans les années 60, il y avait quelques bars (qui existent encore comme Me Arthur) où se produisaient les shows transformistes et drag queens. Quelle différence entre les deux ? Le premier a un univers créé lié à une star, comme Céline Dion par exemple. Pour le deuxième, c’est un personnage créé de A à Z. 

Dans les années 50-60 aux USA, la répression est encore plus accentuée que les années précédentes. Et les drag queens ont joué un rôle clé dans la lutte pour les droits de la communauté.

Elles ont d’ailleurs été très présentes dans les manifestations de Stonewall en 1969.

Pour rappel, c’est cet événement qui est à l’origine des Gay Prides. Avec le temps, les drag balls font leurs apparitions dans les milieux défavorisés noirs américains. Malgré de faibles moyens, ils ont réussi à donner une vraie dimension à leurs spectacles. Les compétitions prennent naissance avec des familles de drag et ils s’affrontent souvent avec le voguing, cette danse typique au milieu gay. 

À partir des années 80, le milieu drag a pris son envolée grâce à de nombreuses stars qui s’emparent un peu du style en l’adaptant à une version grand public, se rapprochant plus du club kids en mélangeant les genres. La France copie beaucoup sur les États-Unis et le mouvement s’étend davantage, même si cela reste encore un peu controversé sur le sol français.

 

Kim Chi

 

hotel-fantasia-vivre trans
Hotel Fantasia

 

1984 – 2001 : Wigstock

On verra ici clairement une référence à Woodstock. Co-créé et animé par la drag queen Lady Bunny, il a disparu quelques années (17 ans) puis a fait sa réapparition. Selon la vétérane Lady Bunny, 56 ans, l’événement a débuté en 1984 après qu’un groupe de drag queens a décidé de se rendre au Tompkins Square Park pour y faire une performance « spontanée » devant des sans-abris. On lui donne un nom : Wigstock (wig qui veut ‘perruque’ en anglais et stock en référence au festival ‘Woodstock’).

 

Les années 90 : l’avènement de RuPaul

La célèbre drag queen devient une incontournable de tous les événements et des milieux festifs. Chacun de ses albums s’arrachent comme des petits pains. RuPaul s’ancre dans le paysage pour y rester définitivement (du moins jusqu’à nos jours). Dans les années 2000, elle devient l’égérie de la fameuse marque de maquillage Mac, ce qui offre une grosse avancée pour la cause Drag Queen. Dans la foulée, en 2009, elle lance donc son émission RuPaul’s Drag Race. Et qui ne la connait pas ?! 

Dans les différentes saisons de RuPaul’s Drag Race nous avons pu voir évoluer plusieurs beauty queens de talent, mais le jury leur reproche toujours le même type de choses : manque de polyvalence, manque de vulnérabilité, manque de personnalité. Pour autant, c’est une inclusion dans la pop culture qui ouvrira la porte à d’autres milieux non-binaires. Il touche ainsi un large public, autre que les LGBT+ et apporte spectacle et connaissances de ce milieu. 

 

rupaul-drag-race-vivre-trans

 

Qu’en est-il aujourd’hui ? 

Les beauty queens, ou pageant queens, participent à une course à la perfection qui coïncide avec celle imposée aux femmes quotidiennement : devoir être plus femme que femme pour satisfaire le patriarcat. Elles vont jusqu’à reprendre les anciens outils de contrainte des corps comme le corset.

Les drag queens étant à l’origine des personnages politiques, défenseuses des droits des femmes et des personnes queers, au shows engagés, qu’en reste-t-il ? Est-ce que les beauty queens peuvent prétendre représenter toute cette histoire du drag avec une pratique basée sur la beauté physique ? Est-ce que toute pratique du drag est intrinsèquement politique et queer? Avec les reines de beauté les discours politiques sont rares, en tout cas rarement verbalisés comme tels. Mais peut-on voir dans la performance du genre, ou plutôt, selon les termes de Judith Butler, dans la performativité du genre une pratique queer de façon presque essentialiste ? Le travestissement est-il toujours une parole chargée de sens ? 

Le travestissement vient indubitablement troubler les notions de genre, les expressions de genre et l’idée de binarité stricte.

N’importe quel travestissement au XXe siècle était intrinsèquement queer de par la rareté des représentations sortant de la binarité des genres. Mais à l’heure des réseaux sociaux et de RuPaul’s Drag Race, l’affirmation est-elle toujours vraie ? Nous avons une multiplicité des images de drag queens, qui peu à peu de la scène underground pour arriver face au grand public. 

Le milieu du drag se transforme depuis qu’il fait vendre : il devient un véritable business. Les concours de beauté de drag queens sont un haut lieu du drag capitaliste, on y retrouve les mêmes enjeux et la même soif de compétition que dans n’importe quel concours de beauté. La question reste latente : mais où est le queer ?

C’est peut-être là que s’impose le clivage dans le milieu trans avec les drag queens. Entre véritable vocation, le moi profond et ce que le show peut leur apporter. Les personnes trans sont dans le « être » mais les drag queens sont-elles seulement dans le « paraitre » ? À vous de juger. 

 

 

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*